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398 ÉTUDE SUR L'HISTORIEN GIBBON. Gibbon sont du IVe seulement. Ch. XXXIXe, Gibbon écrit que Boèce, « par son éloquence, sauva Paulianus des chiens du pa- lais. » Or, il faut lire Paulinus et non Paulianus dans le texte de Boèce ; et puis palatini canes signifie non pas de véritables chiens, mais les intrigants de la cour, comparés à des chiens dévorants. Nous bornerons là nos citations ; qu'il nous suffise de dire que l'Histoire de la Décadence est pleine de pareilles inexac- titudes. Ce ne sont là , toutefois, que de légères fautes, et nous ne voudrions pas faire à Gibbon une trop rude guerre pour des manquements qui peuvent très-bien s'excuser par l'inadver- tance et la préoccupation. Mais l'historien anglais ne se trompe pas toujours si innocemment, et il lui échappe parfois des er- reurs dont la critique doit faire une justice rigoureuse. Le lec- teur nous saura gré de lui en mettre un exemple sous les yeux. Nous prenons l'exil du pape Silverius. Voici comment ce fait est raconté par Gibbon. « On intercepta une lettre où l'on assu- rait le roi des Goths qu'on ouvrirait secrètement à ses troupes la porte Asinaria... Plusieurs sénateurs, convaincus ou soup- çonnés de trahison, furent bannis, et le pape Silverius eut ordre d'aller au quartier-général répondre au représentant de son souverain (Bélisaire), qui se trouvait au Palais Pincius... Accusé par des témoins dignes de foi et par sa propre signature, le successeur de saint Pierre fut dépouillé de ses ornements pon- tificaux, revêtu de l'habit de moine; on le fit embarquer sans délai pour subir un exi! dans une contrée éloignée de l'Orient. Par ordre de l'Empereur, le clergé de Rome choisit un autre évêque (1). » Dans ce récit, l'historien s'étaie des témoignages de Procope et d'Anastase le bibliothécaire. Or, il sera curieux de relater le texte même de ces deux historiens. La narration de Procope est courte : « Comme on soupçonnait, y est-il dit, l'évêque de Rome, Silverius, de machiner avec les Goths une trahison contre (1) G. XLI.