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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 509 était une illusion , une duperie. L'observation est une bonne méthode, pourvu qu'on n'abuse pas du mot. Il n'y a pas dans l'homme que des chairs , des muscles, des ganglions , et des pulpes cérébrales. Peut-être que, sous ces éléments môme de la matière, M. Lucas aurait pu trouver des traces de l'âme qui met partout son sceau. Mais, enfin, l'homme participe à deux mondes ayant chacun leur nature , leur ordre de faits et leur hiérarchie de lois; deux mondes dont l'un se révèle à nous par les sens et l'autre par la conscience. C'est dans le monde de la conscience que l'âme a le siège de son empire, quoiqu'elle étende aussi son action sur le domaine des sens. Quand on parle de l'observation comme méthode d'investiga- tion de la vérité, il faudrait que ce fût de l'observation com- plète, de celle qu'on fait à l'aide de la conscience comme de celle qu'on fait à l'aide des sens , et non pas de l'observation partielle à laquelle on a soustrait tout un monde , aussi ac- cessible que l'autre et bien plus vaste. M. le docteur Perrin, suivant M. Lucas, a sacrifié la Science à la métaphysique et à la théologie. M. Lucas veut bannir la métaphysique de la science. Vaine tentative! La métaphy- sique dominera toujours les sciences, comme la plus élevée de toutes, puisqu'elle traite de la nature et des lois premières de l'être, tandis que le domaine des sciences subordonnées se restreint aux lois secondaires. À telle métaphysique, tel état des sciences. Quand les sciences ont pris leur essor, au XVIe siècle , c'est que la métaphysique elle-même venait de s'affranchir en brisant le joug d'Àristote. Aussi, chaque école nouvelle a-l-elle ses métaphysiciens comme ses savants pra- tiques. Le matérialisme scientifique lui-môme marche der- rière l'athéisme. La méthode expérimentale la plus stricte- ment analytique suppose une métaphysique. Tout phéno- mène observé suppose une substance; tout phénomène com- paré à un autre suppose l'idée préconçue d'une loi ; tout %