page suivante »
482 PÉLOPONÈSE. tienne. Le haut rocher qui, d'un côté, surgit de la mer comme une gigantesque muraille , et, de l'autre, porte une partie de la ville , tient son nom du malheureux fds de Nauplius, Palamède, qu'Ulysse etDiomède surprirent à la pèche, au dire de Pausanias, et jetèrent à la mer. Selon le même auteur, les Naupliens furent les premiers qui taillèrent la vigne , instruits par la vue d'un âne qui, ayant rongé un champ de vigne , le rendit ainsi, fort involontairement, plus productif. De nos jours , Nauplie est un des ports les plus commerçants et l'un des marchés les plus importants de la Grèce. L'on n'y trouve aucun vestige d'antiquités ; son nom et celui du haut rocher qui l'abrite , et que les siècles ne peuvent ébranler, attestent seuls son antique origine. J'y vis cependant la fameuse fontaine de Canathus qui jaillit encore et répand ses eaux dans la ville. Cette fontaine est célèbre dans la mythologie : chaque année , Junon , quittant l'Olympe et faisant trêve un instant à ses nombreuses amours , venait s'y baigner et retrouvait dans son onde sa chasteté première ; riche de cette virginité nouvelle et si facilement retrouvée , elle regagnait l'Olympe et en offrait les prémices au Dieu qu'elle préférait. Le séjour de Nauplie n'a rien qui captive le voyageur. Un seul monument y est digne d'intérêt ; c'est une maison de forme carrée, toute moderne, le mur tapissé de vigne, la façade ornée d'un modeste perron. Ce simple édifice renferme à lui seul tout le passé récent d'un peuple, et c'est de lui que date l'essor que ce peuple a pris dans l'avenir. Là se sont apaisées les longues guerres de l'indépendance grecque et se préparaient les grands actes qui ont réintégré la Grèce dans le cadre des nations mo- dernes : le comte Capo d'istria l'habitait et y mourut, victime de son patriotisme et de ses nobles idées ; le roi Othon y descen- dit, quand il vint prendre possession de son royaume. m. Nos chevaux et nos bagages, que j'avais fait venir par terre, étant arrivés, je résolus de partir le lendemain et de prendre à travers les montagnes la route de Sparte. Jamais journée plus