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                            AU MOYEN-AGE                        473
 mais la puissance pontificale restaient à peu près invariables.
 On ne voit rien qui frappe plus dans l'histoire que cette immuta-
 bilité de la papauté. Le gouvernement civil a, vingt fois , dans
 les quatorze siècles de la vie de la France , modifié sa forme ,
 ses principes et son action ; la papauté est restée la même.
 Elle a pu être plus ou moins libre , plus ou moins brillante, elle
 a même pu prendre des caractères, des rôles divers, suivant la di-
 versité des circonstances et par un effet du caractère personnel
 des pontifes. Elle est restée invariable comme institution.
    Je m'aperçois que je fais un panégyrique, quoique je me sois
défendu de le chercher. C'est qu'un tableau du rôle de la papauté,
à quelque époque que ce soit, ne peut guère être autre chose, et
j'en prends à témoins tous les écrivains allemands de l'école
protestante, les Ranke, les Hurter, les. Voigt, qui, après Leibnitz,
sont arrivés à cette conclusion. Mais s'il fallait penser, comme le
font de nos jours quelques esprits, dans lesquels il y a autant de
chimère que de grandeur, qu'on doive retourner au moyen-âge,
parce que les institutions du moyen-âge étaient plus parfaites, ou
comme on le répète, plus chrétiennes que les nôtres, je crois que
j'aurais réfuté d'avance une pareille opinion. La papauté n'était
pas alors autre qu'elle n'est aujourd'hui ; l'église non plus. La
société seulement était plus barbare, plus ignorante, plus vio-
lente. Est-ce là qu'il faudrait revenir ?
   Sans doute, on reconnaît, on proclame même quelques-uns des
grands progrès accomplis depuis cette époque : l'unité de la
France, que nos rois du moyen-âge créaient avec tant de peines
et de persévérance; la supériorité de nos institutions judiciaires,
celle des arts, celle des inventions de toute nature, celle de la
science, celle de la richesse. Nier cela, ce serait nier le soleil.
On peut, avec infiniment d'esprit, soutenir une gageure hardie
par quelques brillants paradoxes, et se faire à outrance le lauda-
tor temporis acti, censor castigatorqueminorwm. Mais Horace a
fait justice depuis longtemps de cette science prétendue, qui
n'est, au fond, que la témérité de l'ignorance.
      « Jam saliare Numœ carmen qui laudal, et illud
      Quo