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472 DE LA PUISSANCE ECCLÉSIASTIQUE plus aisément aux yeux des peuples du concours de l'ancienne autorité législative. Les Etats généraux ou provinciaux com- mençaient aussi à exercer une partie de cette autorité. Si le rôle qu'ils ont joué dans ce siècle a été souvent exagéré par les histo- riens, cependant ils ont voté la plupart des impôts, et enlevé par là à l'intervention de l'Eglise dans le gouvernement une part de sa nécessité, puisque jusqu'alors c'était elle seule qui avait confirmé ou infirmé le droit du prince. Ainsi, la société formée par l'Eglise autrefois avait profité de ses leçons. Elle devenait moins bar- bare , plus savante , plus policée ; les gouvernements tendaient à se régler, à se modérer eux-mêmes, et des rois habiles, jaloux de leur pouvoir, se prévalaient avec empressement de ces fa- vorables circonstances pour secouer un joug qu'ils avaient trouvé incommode de tout temps. Comme il avait toujours été difficile de régler les frontières des deux pouvoirs , et comme tous les pouvoirs sont envahissants de leur nature, Philippe-le-Bel et ses successeurs triomphèrent avec peu de modération, et si la papauté avait quelquefois manifesté dans les temps antérieurs des prétentions trop -vives, les rois du XIVe siècle le lui firent chè- rement expier. Voilà comment l'Eglise s'est successivement affaiblie. Il n'est pas jusqu'à sa puissance diplomatique, qui ne se soit ressentie de cet affaiblissement. Entre la diplomatie pontificale du XIVe siècle et celle des siècles précédents , il y a la différence de la di- plomatie d'une puissance dominante à celle d'une puissance de second ordre. Au lieu de diriger l'Europe, elle se borne à exer- cer de simples médiations ou à demeurer sur la défensive. Si l'on excepte quelques souvenirs , quelques projets de croisades nourris surtout à l'instigation de la France, on ne voit pas que la papauté du XIVe siècle ait exercé une grande initiative sur les affaires générales de la chrétienté. Mais c'est là une révolution lente qui s'est opérée sans se- cousses, parce qu'il n'y a point eu do changement dans les ins- titutions. Il n'y en a eu que dans la liberté de l'Eglise et dans la grandeur des hommes qui l'ont conduite. Sans doute la so- ciété changeait et tout changeait autour d'elle ; mais l'Eglise ,