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                         AU MOYEN-AGE.                            4«)

de Louis-le-Débonnaire, que déposèrent ceux-là môme qui l'a-
 vaient sacré. Les eîvêques se prétendaient alors les dispositaires
 de la couronne, et c'est ce droit de libre disposition invoque
d'abord par eux, que les papes ne tardèrent pas à invoquer à leur
tour, quoiqu'ils ne l'aient jamais exercé en France , où l'on ne,
 cite que quatre excommunications prononcées contre des rois,
 et où les sujets ne furent déliés qu'une fois du serment de fidélité.
    Voilà quelles étaient les bases de la puissance pontificale exer-
cée en France au moyen âge ; en la décomposant, nous y trouvons
l'exercice des pouvoirs religieux, le gouvernement par la légis-
lature et les tribunaux, le droit conféré par le sacre.
    Qu'on parcoure tous les exemples de l'intervention pontificale
dans les affaires de l'Europe, il n'y a que deux lettres de Gré-
goire VII, d'où l'on pourrait inférer, à ma connaissance, une
prétention autre et supérieure. Je sais bien que c'étaient déjà des
pouvoirs immenses et de nature àjustifier des prétentions plus
vastes encore, mais, à l'exception des droits conférés par le
sacre, et qui n'étaient que Vultima ratio, l'arme exceptionnelle
des temps difficiles, on ne peut qu'être frappé du caractère de
grandeur de cette intervention ordinairement pacifique et d'au-
tant plus puissante par cela même. Dans leurs luttes contre les
gouvernements, l'Eglise, la papauté n'avaient guères que la force
morale de l'excommunication. Mais les armes morales finissent
toujours par être celles qui frappent le mieux, et comme le droit
use le fer, nous voyons tous les grands adversaires des papes
du moyen âge, Henri IV et Frédéric 1er d'Allemagne, Henri 11
d'Angleterre; en France, Philippe 1er, Philippe I I , Philippe IV
s'humilier tour à tour après la victoire , et reconnaître la né-
cessité d'un frein et la supériorité de la loi.
   J'ajouterai qu'à bien peu d'exception près les pontifes ou les
prélats n'ont engagé de luttes que pour une cause juste, et qui
était celle de la civilisation ; car ils veillaient au respect des ca-
nons qui étaient les codes du temps, comme les conciles étaient
ses assemblées législatives. et qui comprenaient les défenses de
la société, ses chartes, ses privilèges. Ils luttaient aussi pour pro-
pager dans le sein de l'Eglise et dans le monde entier la ré-