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4(58            DE IA PUISSANCE BCCmîSUSTlQVJE
 verné le pays. Malgré son habileté consommée, ses violences contre
 le pouvoir religieux ont-elles servi la France? Et lui-même ne
 s'est-il pas cru obligé de les effacer aux yeux de l'Europe par
 une feinte et mensongère réconciliation ? Ainsi, c'était comme
 contrepoids d'une autorité qui en manquait, puisque la royauté
 était encore toute militaire dans son principe et dans ses formes
 d'action, et ne connaissait qu'un bien petit nombre de lois, que
 l'Eglise exerçait un pouvoir immense, pouvoir que Ton pour-
 rait comparer à celui du Parlement anglais vis à vis des princes
 de la maison de Hanovre. C'est là qu'était sa plus grande force
 politique, au moyen âge.
    Elle en avait encore une autre tout aussi remarquable assu-
 rément , mais plus vague et moins bien reconnue. Toute auto-
 rité vient de Dieu , et en même temps tout pouvoir sur la terre a
 besoin d'être assuré par une force matérielle. D'où il suit que
 la royauté avait besoin d'être consacrée par l'Eglise, et que l'E-
 glise avait besoin d'être défendue par le glaive de la royauté. De
là l'inévitable association des deux pouvoirs réalisée par Char-
lemagne et rétablie si souvent après lui. Leur accord si naturel
était le but que devaient poursuivre tous les grands politiques.
 Pour mieux sceller cet accord, il était reconnu que les rois
étaient sacrés par les papes ou par les évoques leurs repré-
sentants , comme les papes devaient être confirmés dans leur
pouvoir temporel par le chef des rois de l'Europe, l'héritier de
Charlemagne et d'Othon, l'empereur de Germanie.
    Qu'était-ce que le sacre ? quelle en était la portée ? Etait-ce un
simple cérémonial, un symbole du caractère divin de l'autorité
terrestre? Etait-ce quelque chose de plus ? Etait-ce un pacte
conclu entre le prince et l'Eglise qui représentait en quelque sorte
la nation ? Ce pacte emportait-il comme un engagement réci-
proque, ainsi qu'on l'a conclu du serment prêté par Charles-
le-Chauve aux évêques de France et au pays? Je ne sais. Le droit
publie du moyen âge ne laisse pas que d'avoir ses mystères.
Mais j'ai déjà dû remarquer que le sacre , qui ne remonte pas
au-delà des rois carlovingiens, après avoir fait la force de Pépin
et de Charlemagne, constants alliés de l'Eglise, fit la faiblesse




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