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400               ÉTUDE SUR L'HISTORIEN GIBBON.
   Ainsi, des deux auteurs invoqués, le premier ne dit presque
rien de ce que raconte Gibbon, le second dit tout le- contrée.
Dans YHistoire de la Décadence, le délit de trahison est la
cause de la déposition de Silverius, dans Anastase ce n'est qu'un
prétexte ; dans YHistoire de la Décadence, il y a, de la part de
Silverius, une intrigue pour perdre les Romains; dans Anastase,
il y a une intrigue de l'impératrice pour perdre Silverius ; dans
YHistoire de la Décadence, ce sont des témoins dignes de foi
qui déposent contre Silverius ; dans Anastase, ce sont de faux
témoins, et Bélisaire ne croit pas à leur témoignage ; dans YHis-
toire de la Décadence, Silverius est convaincu par sa propre
signature ; dans Anastase, on ne montre ni lettre, ni signature.
A quelle source inconnue Gibbon a-t-il donc puisé pour con-
tredire de la sorte l'autorité d'un biographe aussi grave qu'Anas-
tase? Pourquoi ne pas la citer? pourquoi se contenter de dire en
note que le récit d'Anastase est rempli de passion ? Ah 1 il n'y a
de passion que dans l'historien qui, à douze siècles de distance
d'un événement, ose inventer des circonstances qui ne se retrou-
vent dans aucun auteur contemporain ou postérieur, et cela pour
Justifier l'iniquité puissante opprimant l'innocence réduite à la
faiblesse. On pourrait citer bien d'autres témoignages aussi
accablants pour la bonne foi de Gibbon.
   Il y a, dans YHistoire de la Décadence, un parti pris de déni-
grement qui se trahit à chaque instant, non seulement par l'allé-
gation de faits controuvés, mais encore par une suppression pré-
méditée de faits vrais, par la manière dont d'autres sont placés,
par la tournure dubitative d'une phrase; quelquefois par un
simple mot perfide, jeté comme au hasard. Et puis, que dire de
ces lourdes plaisanteries que le lecteur rencontre à chaque pas,


multi in eadem accusatione persistèrent, perlimuil. Tune fecit bealum Silve-
rium papam venire ad se in palatium Piucis... Et dum eum vidisselÀutonina
patricia, dixil ad eum : Die, domine Silveri papa, quid fecimus tibi... ut tu
velis nos in mauus Golhorum tradere ? Adhuc eo loquente, ingressus Joan -
nés subdiaconus... tulit pallium de collo ejus, et duxit in cnbiculum, et
exspolians eum, induit eum veste monachica et abscondit eum.