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                        JACQUES LISFRANC.                       295
 son principal titre de gloire et le fondement (e plus solide de sa
réputation.
   La clinique, c'est, disent les gens de l'art, la médecine tout
entière-.l'ouvrier à l'œuvre. L'ébauche et les voies et moyens
 sont en présence. « Voilà comment il faut faire, et voilà ce qu'il
faut éviter. » Telles sont les deux propositions qui enserrent
l'enseignement et la pratique. L'acte est là et la raison motivée
d'agir avec. « C'est le tronc commun, dit Lisfranc, sur lequel
viennent s'enter toutes les branches des sciences médico-chirur-
gicales auxquelles elle fait porter d'excellents fruits. » Le ma-
lade seul, celui qu'effraie son mal et qui voudrait dormir dessus,
seul, y trouve quelque inconvénient ; car j'ai toujours frissonné
à cette idée que le pauvre alité, qui a besoin de repos, de si-
lence , de recueillement, d'un demi-jour et de la garde de ses
secrets, se trouve ainsi livré par un double malheur, d'abord
à ses souffrances physiques, puis à des investigations peu confi-
dentielles , nécessairement sans ménagement quand on devient,
dans l'unique intérêt de la science, le centre d'observations et
l'objet d'expériences dont la divulgation est une loi. Hélas ! c'est
non pour soi, mais pour d'autres que l'on voit tant d'agitation
à l'entour, lorsqu'auprès de son lit, caché dans ses rideaux, on
aurait un si grand besoin d'un intérêt plus direct et d'une paix
si grande!
   11 y eut, quelque temps après, concours pour la place de chi-
rurgien au bureau central, à Paris ; plus tard, concours pour
l'agrégation ; Lisfranc, à ces deux épreuves, développa un grand
talent. Il développa un savoir dont le souvenir est resté ; il fut
heureux alors ; mais, dans la même occasion, dix ans plus tard,
les mêmes chances lui furent fatales. Ces succès lui valurent des
revers. Les envieux, à ce que l'on rapporte, l'attendirent sur la
route quand, en 1834, il se présenta pour une chaire de clini-
que externe, et, plus tard, en 1848, lorsqu'il se présenta à
l'Académie des Sciences.
  Il est vrai qu'à ces dates funestes, ivre de sa popularité, né-
cessairement fort de son renom devenu européen et membre de
presque toutes les sociétés médicales du monde, il pensait peut-