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276 HISTOIRE DE LA VILLE d'un esprit fin et délicat, se trouve à la suite des Mémoires de la duchesse de Montpensicr et dans le Segresiana. « Le lendemain de son arrivée , Mademoiselle alla entendre la messe à la Collé- giale et dîna en public, suivant l'usage des princes souverains ; elle donna audience aux députés des villes de la province et reçut les présents de Trévoux, qui consistaient en citrons doux et en vin muscat. Par un caprice de femme, elle exigea que les consuls fissent des harangues et des présents à ses deux dames d'hon- neur , Madame de Courtenay et Mademoiselle de Vandy. Après son dîner, elle reçut la visite de son Parlement qui lui rendit hommage, comme à sa souveraine , le genou en terre et en leur grande tenue de robe rouge. Le premier président lui adressa une belle harangue à laquelle la princesse répondit avec esprit et di- gnité. » Mais voici un fait dont la princesse se garde bien de par- ler dans ses Mémoires. Le lendemain de sa présentation, le Par- lement fit une protestation contre cet hommage servilede fléchir le genou en terre qu'avait exigé la princesse. Celle-ci avait écouté en cette occasion plus son orgueil que les convenances et les égards qu'elle devait à un corps si respectable. Le Parlement apportait pour raison qu'il ne devait pas être de pire condition que les autres parlements du royaume qui n'étaient pas astreints à un pareil hommage envers les rois de France. « Mademoiselle se rendit à l'office du soir , parce que c'était dimanche, et que , dit-elle fort bien, on doit le bon exemple à ses sujets. Le lundi, elle visita les communautés religieuses, les Observatins, au- trement dits Picpus, les Ursulines, la Chapelle des Pénitents Blancs, et retourna le jour suivant à Lyon (1). » En 1661, le pays fut affligé d'une disette égale à celle de 1631: on se vit obligé de monter la garde à laporte de la ville, pour ar- rêter la foule des pauvres de la campagne qui s'y réfugiaient et qui y apportaient la famine. Un bourgeois, refusant de monter la garde à son tour, fut tué par l'officier qui la commandait. Ce- lui-ci, mis en jugement, obtint sa grâce, moyennant quelque dé- dommagement en faveur de la veuve et des enfants. (1) Tom. IV, éilit. de Maastricht, 1776.