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ET DU CANTON DE TRÉVOUX. 275 terrasse sur la rivière , avec une fontaine au milieu : la vue en était admirable. La princesse fait un grand éloge du paysage qu'elle avait devant les yeux. L'appartement était petit; il con- sistait seulement en une salle, une chambre à alcôve, un cabinet et deux autres chambres. Cette maison est actuellement la mai- son Sausset. La noblesse n'était pas nombreuse dans le pays : les plus belles terres étaient possédées par les officiers du Par- lement et du Présidial de Lyon. La princesse cite, parmi les no- bles qui vinrent' lui faire la cour, le marquis du Breuil, de la maison de Damas, gouverneur du pays. U y avait pevi de dames, encore la plupart étaient-elles malades. Elle trouva le peuple fort beau, les femmes presque toutes jolies et ornées de fort belles dents. » Ce jugement, porté par une personnes! compétente, doit être fort agréable aux habitants de notre ville, et les dames de notre temps sont sans doute fondées à croire qu'elles n'ont pas dégé- néré de leur mère. « Les paysans étaient bien vêtus ; ils étaient à leur aise, n'ayant pas de tailles à payer. La princesse trouve qu'il hurait été plus avantageux pour eux qu'ils y eussent été sou- mis ; car, ajoute-t-elle, ils sont fainéants et ne s'adonnent à au- cun travail et commerce, ce qui leur serait aisé, puisqu'ils sont proches de la rivière et d'autres bonnes villes. » Ici, la princesse n'épargne pas ses bons sujets. Sans mériter le titre un peu fort de fainéants, les habitants de Trévoux sont encore de nos jours un peu trop apathiques ; ils n'ont aucun goût pour l'industrie ; aucune manufacture n'a pu longtemps prospérer parmi eux. Les tribunaux et leur suite ont de touttemps fourni aux jeunes gens, dans les bas emplois et les écritures, une ressource assez lu- crative, mais précaire, et qui leur laisse malheureusement beau- coup de temps adonnera l'oisiveté. Mais voici un autre repro- che que Mademoiselle fait aux gens de la ville : « Ils mangent quatre fois le jour de la viande. » Ce reproche montre plutôt leur aisance que leur gourmandise. La princesse composaà Trévoux sa relation de Vile Invisible. C'est une plaisanterie dirigée contre un sieur deBussillet, seigneur de Meximieux, homme ridicule , très-vain de ses titres et surtout de la charge de chevalier d'hon- neur du Parlement de Dombes. Ce badinage ingénieux , fruit