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264 LES nElî.V MUSES. KRWYNN. Le magique pouvoir qui t'a soumis mon âme N'est pas en d'autres yeux ni dans une autre main ; Ta beauté ne tient pas aux traces d'une femme, Ce que je cherche en toi n'est pas l'aspect humain ; Tu ne dois rien à l'homme, et ton charme, ô Nature, Vient d'ailleurs que des traits entre vous deux pareils ; Une âme s'est écrite en ta large structure, Une âme a pris pour corps tes fleurs et tes soleils. Non, tu n'as pas à l'homme emprunté cette grâce, C'est lui qui te dérobe et doit suivre ta loi ; 11 n'est beau qu'en portant imprimé sur sa face Un peu de l'infini qui rayonne de toi. ADMÊTE. L'homme n'est jamais seul dans les lieux solitaires ; J'y sais mille témoins des amoureux mystt.res. Chaque arbre et chaque flot a son hôte divin. J'ai surpris dans les bois la Nymphe et le Sylvain. Sous Vécorce, j'ai vu le Faune en embuscade De ses longs bras tortus enlacer la Driade. Les tritons argentés, les Nymphes aux yeux verts, Souriant au pécheur, s'ébattent sur les mers. J'ai vu mes gais chevreaux et mes brebis paisibles Souvent bondir au son de pipeaux invisibles ; Puis un Satyre, au loin, apparaissait dansant.