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LES DEUX MUSES. 265 J'ai vu, parfois, glisser sur l'herbe, au jour naissant, l.a Napée y semant le safran et la rose. Pareils à nous, ces dieux nous donnent toute chose ; Nous leurs devons la flûte avec l'art des chansons, Et surtout de l'amour les fécondes leçons. , ERW'YNN. L'ineffable habitant qu'enveloppe le monde Sous mille aspects divers est le même en tous lieux ; 11 chante avec la feuille et voit à travers l'onde ; Partout présent, cette hôte échappe à tous les yeux. Mais, si profond qu'il soit dans sa vaste demeure, Quoique baissés toujours ses voiles sont légers ; A nos cœurs par les sens il s'adresse à toute heure, 11 communique à nous par mille messagers. Les bois, les vents, les flots sont pleins d'esprits sonores ; De vivantes odeurs voltigent sur les prés ; k'âmeluità travers les yeux, des météores. Je sens, je vois, j'entends ces envoyés sacrés. Un souffle, des forêts agitant les grands dômes, Verse en moi des accords le fécondant essaim. Dans l'or de ce rayon des tourbillons d'atomes, Avec l'air respiré, viennent vivre en mon sein. Au penchant du coteau, des mains aériennes Effeuillent mon bouquet et mêlent mes cheveux, Ecrivent leur pensée ou dessinent les miennes Sur les horisons (l'or où je lis quand je veux.