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	                         AUTOGRAPHES
                                       ET
   DOCUMENTS LITTÉRAIRES
                      CURIEUX          OU I N É D I T S .
       DEUX LETTRES DE CLAUDE BROSSETTE
                                      SUR
   UN MOUVEMENT POPULAIRE ARRIVÉE A LYON , LE 4 JUIN
                                     1714.
   Nous avons le dessein de donner, sous ce titre , une série d'autographes de
pièces inédites ou publiées déjà, mais devenues rares, et qui peuvent être d'un
certain intérêt pour l'histoire de notre ville ou pour celle du pays tout entier.
   L'espace dont nous disposons nous permet seulement de donner aujourd'hui
deux lettres de Claude Brossetle à M. Clautrier, sur une émotion populaire
survenue à Lyon, en 171.4.
                                       1.
                                                  Lion, 25 juin 1714.
   Vous avez appris, vous qui estes au centre des grandes nou-
velles et des grandes affaires, que les Bouchers et le petit peuple,
animez contre un nommé Marion, l'un des fermiers du Tabac,
et des octrois qui comprennent le droit* de pié-fourché, s'attrou-
pèrent le lundi 4 au soir, dans la place des Terreaux devant
l'hôtel de ville, et qu'après divers mouvemens cette populace
s'alla attacher a la maison où demeuroit ce Marion et où étoit
le Bureau du Tabac. On commença par casser les vitres avec
des cailloux, mais comme l'on voulut forcer la maison, les gardes
et les domestiques de ce Bureau tirèrent quelques coups d'ar-
mes à feu dont il y eut deux ou trois personnes de blessées. La
Garde bourgeoise survint, et dissipa tout ce vacarme. Le lende-
main sur les dix heures le peuple recommença a s'attrouper
devant la même maison, qui est a côté de l'hôtel de ville, on
enfonça les portes, et l'on pilla les meubles, le tabac, et tout ce
qu'il y avait. Ce qu'il y a de surprenant c'est que dans tout ce
desordre il n'y eut pas le moindre bruit, et tout se passa, si on
peut le dire ainsi, avec beaucoup de tranquillité. Le soir, on
commanda les Bourgeois qui furent possez dans les carrefours
et dans les places, mais ce secours fut inutile car tout le désor-
dre fut appaisé. Le lendemain il y eut pourtant quelques petits
mouvemens dans le marché, a cause de la cherté des provi-
sions, mais cela n'eut point de suite, et depuis ce tems la tout
est calme dans la ville. L'arrivée de Monsieur le Maréchal de Vil-
					
		