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256        AUTOGRAPHES ET DOCUMENTS LITTÉRAIRES.

leroi, a aporté la tranquillité, et il travaille avec application a ré-
tablir le bon ordre. J'aurai soin de vous apprendre le détail de
ce que l'on fera, et par avance je vous dirai qu'avant hier Mon-
sieur le Maréchal fit publier une ordonnance pour empêcher les
attroupemens, et aujourdhuy on en publiera une contre les fo-
rains, les gens sans aveu, et pour savoir les lieux où logeront
ceux qui arrivent dans la ville. Nous avons deux petits camps
aux environs de la ville, mais nous sommes persuadez que ces
troupes seront inutiles pour contenir les citoyens.
                                                                  BROSSETTE.

                                   I.
                                                 Lion, 4 juillet 17 14.
    Voici, Monsieur, la suite du journal que je vous ai promis.
 On instruit le procez contre les auteurs de la sédition arrivée
 a Lion, il y a un mois aujourdhuy. Et comme les Bouchers en
 ont été les premiers moteurs, ce sera sur eux que la punition
 tombera. Hier, sur les six heures du soir, on commanda un déta-
 chement de dragons qui sortirent de la ville par la porte de Veize.
 Chacunfitses raisonnemens et ses conjectures politiques sur ce
 mouvement, et l'on croit qu'ils étoient commandez seulement
 pour aller le long du rivage de Saône, pour arrêter des foins, de
 peur que le camp de la Guillotière n'en puisse pas manquer. Mais
 point du tout. Ce détachement se rendit pendant la nuit au
 village de Poleymieux, où le nommé Costerisant, Boucher, étoit
 dans sa maison de campagne. Ce Costerisant que l'on appelé
 ici Castorisant, étoit un des maîtres-gardes, et le plus séditieux
 de tous. C'est lui qui animoit tous les autres. On a donc investi
sa maison, et on l'a amené ce matin en prison. Pendant la nuit
on a fait la même démarche a Lion, pour arrêter deux autres
Bouchers, qui se nomment Gadin et Flageolet, et on les a pareil-
lement conduits aux prisons de l'Archevêché. Monsieur le maré-
chal de Villeroi vient de donner ordre en ma présence que l'on
 fasse tenir quatre dragons dans la même prison, pour prévenir
 toute surprise, et ce soir on placera un corps de garde aux
 environs, afin d'empêcher qu'il n'arrive aucun desordre. Monsieur
 Dugas qui fait l'instruction du procez, va dans ce moment inter-
 roger les prisonniers.
    Parmi ces mouvements nous en voyons de moins désagréa-
bles. Nous eûmes un grand bal la nuit d'hier, dans l'allée des
Tillots de Bellecour ; et ce bal fut donné aux dames par quelques
officiers de Dragons du régiment de Lautrec. Voila tout ce que
je sai pour aujourd'huy.                             BROSSETTE.

                                 AIMÉ VINGTRINIER, d i r e c t e u r - g é r a n t .