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254                    BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
souffrances aussi efficaces que le repentir. » Le même sentiment qui le por-
tait à s'élever contre la peine de mort le fit protester contre la guerrre et
ses affreuses conséquences.
   « Tout en aimant le peuple , nous dit M. Félix Néve, tout en compatissant
au sort des classes souffrantes, Ballanche avait en horreur tout ce qui les
pousserait à la révolte contre les institutions sociales, tout ce qui éveillerait
et développerait leurs mauvaises passions. Il n'aurait pas manqué de combat-
tre les impatiences de la démocratie, ou, pour mieux dire, des lettrés de la
démocratie. C'est en raison même de sa sympathie pour les races plébéien-
nes dont il a suivi les efforts et les luttes dans l'histoire, qu'il aurait voulu faire
comprendre, de nos jours, aux défenseurs des droits du peuple, qu'il faut
souffrir avant de jouir, apprendre avant de commander, respecter avant de
 renouveler ou de détruire. Telle est l'intention qu'il laisse entrevoir dans la
Palingénisie sociale, sans l'avoir formellement exprimée : « Enseigner à la
 démocratie le respect et l'espérance comme la leçon politique de l'histoire »
   Comme on peut le comprendre, et malgré le commentaire qu'a fait de ses
écrits dans un style élégant et plein de clarté , M. Félix Néve , auquel nous
avons fait plus d'un emprunt dans le cours de cet article, Ballanche n'a été ni
 ne fiera jamais un écrivain populaire, car ses œuvres sont d'une portée phi-
losophique trop élevée pour être compris de bien des lecteurs. Somme toute,
sa philosophie a le tort de n'être point pratique ; elle tourne à la rêverie, elle
ne sait bien ni ce qu'elle veut ni où elle va. Qu'on nous pardonne la sévérité
de ce jugement, mais on doit la vérité aux morts comme aux vivants.
                                                             LÉON BOITEL.