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238                        PIERRE REVOIL.
Revoil ,m'amène en ce moment à parler de VAnneau de Charles-
Quint. Ce tableau, qui a trait à une anecdote historique que
tout le monde connaît, fut exposé au Salon de 1810 ; cette fois
le succès fut incontestable, il eut même assez de retentissement
pour que l'empereur Napoléon achetât le tableau : plus tard , il
a figuré dans les salles du Musée du Luxembourg avec la
Convalescence de Bayart, et, quoiqu'ils en aient été, l'un et
 l'autre, retirés depuis la mort de Revoil, je ne les ai point retrouvés
au Louvre , dans les salles destinées aux productions de l'École
française. Cette omission, qui ne se comprend pas, est d'autant
 plus regrettable que ces deux toiles ne sont pas au-dessous d'un
tel homme, et qu'elles occupent, en outre, dans l'histoire de la
peinture en France, depuis le commencement de ce siècle, une
place importante qu'on n'aurait pas dû leur enlever. Quoiqu'il
 en soit, l'Anneau de Charles-Quint fut, en ce temps-là, comme
 il l'est encore aujourd'hui, une œuvre de mérite, et qui a servi
 de point de départ à un genre de peinture historique tout nou-
 veau pour notre école. Sans avoir la majesté, ni l'ampleur que
 comporte essentiellement la peinture d'histoire proprement dite,
 ce genre en a l'exactitude et la réalité , avec une signification à
 la fois plus restreinte et plus intime. Au lieu d'aborder les
 grands faits de l'histoire de chaque peuple dans l'antiquité,
 comme dans les temps modernes, les artistes qui, depuis Revoil,
 ont cultivé cette peinture, se sont plutôt inspirés des anecdotes
 qui remplissent leurs annales, et c'est aux diverses époques
 du moyen âge et de la renaissance principalement qu'ils ont
 emprunté les sujets de leurs tableaux. Aussi, est-il à peu près
 démontré, pour ceux qui ont suivi le mouvement de la pein-
 ture historique dans notre pays depuis un demi-siècle , que
 l'Anneau de Charles-Quint a été, pour ainsi dire, le commence-
 ment d'une ère nouvelle, celle des petits peintres d'histoire, s'il
 est permis de les qualifier ainsi ; et ceux-là mêmes, et ils sont
 nombreux aujourd'hui, ne me paraissent pas avoir une autre
 origine. S'ils s'en éloignent peut-être par les procédés matériels,
 par ce qui n'est, après tout, dans les arts que le métier et rien
 de plus, ils en dépendent à coup sûr par ce qui est comme l'es-