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	234 PIERRE REVOIL. rateur sans réserve de cette classe de sujets ; mais il faut recon- naître pourtant qu'il est des cas, et lorsqu'il n'en est pas fait abus, où l'allégorie offre de grandes ressources à la peinture, et ne saurait être heureusement remplacée par un autre mode d'expression. Traitée, il est vrai, par des peintres sans talent, elle a dans son essence même quelque chose de conventionnel et de faux pour ainsi dire, qui la rend prétentieuse et guindée sur la toile ; mais, à tout prendre, ce sont là les écueils du genre, et c'est à l'artiste qui y prétend, à se mettre en garde contre eux, et à les éviter. Revoil y réussit avec assez de bonheur, car autant qu'il est permis d'en juger par le dessin qui se voit aux Archives, et dont les figures principales, celle du premier consul et celle de la ville de Lyon, n'ont que six à sept pouces de haut, le sujet est compris et rendu avec un certain sentiment de noblesse et de grandeur, et le style, bien qu'élevé, est exempt d'affectation ; à ce propos, je trouve qu'il y a heureusement bien loin de ce premier essai de peinture sérieuse d'un jeune homme, aux toiles les plus vantées de David, dont les figures, groupées dans des attitudes fausses, et l'agencement académique et suranné, offrent l'aspect de la sculpture, et le mouvement de certains bas-reliefs, défaut capital pour la peinture, où les conditions d'effet ne sont plus les mêmes que pour la statuaire, et qui a été certainement l'une des causes du discrédit où est tombée l'École de David, malgré les incontestables services qu'elle a rendus à l'art du XIXe siècle. Ce ne fut donc pas pour Revoil un mince mérite que celui d'éviter un danger où il lui était si facile, et où il eût été très-excusable de tomber ; et si, à l'époque dont nous parlons, cette qualité de son tableau ne fut pas relevée, c'est que, sous l'empire des doctrines de David, qui régnaient encore dans les écoles de peinture, et qui influençaient le goût général, il était à peu près impossible qu'il en fut autre- ment. Le dessin est pur et sévère, et quoique la figure du premier consul, assez, bizarrement éclairée, ne soit pas non plus d'une ressemblance très-exacte, les différents personnages qui rem- plissentla composition sontlogiquement et heureusement groupés. Le tableau dont ce dessin très-terminé peut donner une idée
