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PIERRE REVOIL. 233 croire M. Fleury Richard, l'un de ses meilleurs amis, même, après avoir quitté l'école de David, il ne possédait qu'imparfai- tement cette faculté si nécessaire au peintre, de s'inspirer à la vue de son modèle ; et, « chose étrange ! dit M. Richard, il ne put jamais parvenir à terminer une tête peinte d'après nature ; » la couleur qui ne fut jamais non plus chez Revoil une qualité dominante, laissait également à désirer; et ce ne fut qu'à la suite d'études longues et persévérantes, qu'il en acquit assez la prati- que pour être à même d'entreprendre des travaux d'un ordre plus élevé. L'occasion qui lui avait manqué jusqu'alors de se faire con- naître autrement que comme professeur et peintre de portraits, se présenta enfin. La municipalité lyonnaise, reconnaissante de l'intérêt avec lequel le premier Consul avait essayé d'effacer les traces les plus douloureuses de la révolution dans notre ville, en posant lui-même la première pierre des nouvelles façades de Bellecour, fit exécuter à Revoil un dessin allégorique, représen- tant la ville de Lyon qui se ranime avec les secours du Chef de l'état. Cette composition fut présentée au ministre de l'intérieur, dans une séance de l'Académie ; il en fut, dit-on, très-satisfait, et décida aussitôt qu'elle serait exécutée pour être placée à l'Hôtel- de-Ville. Elle le fut en effet, et, de 1804 à 1815, elle orna l'une des salles de cet édifice ; mais, à cette date, les passions politiques qui, sans respect pour les arts, frappent tour à tour les gouver- nements dans ce qui les rappelle, et quelquefois même jusque dans le souvenir des faits les plus honorables pour leur histoire, anéantirent sans pitié cette première œuvre de l'artiste lyonnais. Lacéré et brûlé avec deux autres, ce tableau d'un assez grand style, et que Revoil avait peint dans des dimensions qu'il n'a plus abordées, serait entièrement perdu pour l'appréciation de l'œuvre de son auteur, s'il ne revivait en quelque sorte par le dessin qui en avait été fait à l'avance, et qui se trouve aujour- d'hui dans le cabinet de M. l'Archiviste de la ville. Il est arrivé souvent, et depuis quelques années surtout, que la critique s'est exprimée avec sévérité et même avec rigueur, sur l'emploi de l'allégorie dans les arts. Je ne suis pas un admi-