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176 H. W. LONGFELLOW.
V.
LA FORTUNE D'EDENHALL.
(La tradition sur laquelle cette ballade est fondée et les dëbris de Infortune
d'Edenhall existent encore en Angleterre. Le gobelet est en la possession de
sir Christophe Musgrave, Bail. d'Eden Hall, dans le Cumberlaud, et n'esi
pas aussi complètement brisé'que le suppose la ballade).
« Le jeune lord d'Edenhall ordonne de sonner la fanfare du
festin. Il se lève à la table du banquet et crie parmi les convives
avinés : « Maintenant, apporte-moi la fortune d'Edenhall. »
« Le sommeiller entend ces mots avec angoisse ; c'est le séné-
chal le plus âgé de la maison ; il tire lentement de son enveloppe
de soie le grand verre de cristal; on l'appelle la Fortune d'Edenhall.
« Alors, dit le lord : « Pour fêter ce verre, emplis-le de rouge
vin de Portugal ! La barbe grise obéit d'une main tremblante ;
une lumière pourprée s'étend de toutes parts. Elle jaillit de la
Fortune d'Edenhall.
« A ce moment, parle le lord en balançant légèrement la coupe :
« Ce grand verre de cristal étincelant, c'est la fée de la Fontaine
« qui le donna à mes ancêtres ; elle y écrivit : si ce verre tombe,
« alors, adieu, 6 fortune d'Edenhall !
< Il était juste que le destin d'un gobelet fût celui de la joyeuse
•
« race d'Edenhall ! Justement y buvons-nous volontiers de lar-
« ges coups et volontiers nous choquons la santé joyeuse, kling !
« klang ! A la Fortuue d'Edenhall !
« D'abord la coupe rend un son profond, plein et doux comme
la chanson du rossignol : puis comme le mugissement du tor-
rent sauvage ; enfin elle éclate comme la chute du tonnerre, la
glorieuse Fortune d'Edenhall !
« A ce grand verre de cristal fragile, il fallait pour possesseur
« une forte race. II a vécu plus longtemps que de raison. Kling !
« klang ! D'un coup plus violent que tous les autres, j'éprouverai
« la fortune d'Edenhall.