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140                           LOI GOMBETÃE.
une règleflxe-dejugement (1). Aunegilé ayant, par la mort d'un
premier mari, recouvré sa liberté, avait donné sa main àFréde-
giscl dont nous venons de parler ; et en cela avait agi non seule-
ment avec le consentement de ses parents, mais encore de son
propre consentement et de sa volonté^. Elle avait déjà reçu, des
mains de son fiancé, la plus grande partie du prix du mariage (2),
lorsque, s'abandonnant aux ardeurs de sa passion, elle rompit
la foi de la convention, et céda moins aux vœux de Balthamod
qu'elle ne retourna à ses habitudes criminelles. Un pareil crime,
capable de couvrir de honte une personne libre, ne devait être
expié que par l'effusion du sang de la personne coupable ; néan-
moins, pour ne pas donner lieu à des débats publics pendant les
saints jours (3), nous avons ordonné qu'Aunegild, flétrie par le
jugement de Dieu et des hommes, fût tenue de payer à Fréde-
giscl la composition, c'est-à-dire 300 sous d'or. A notre avis, Bal-
 thamod ne méritait pas moins d'être condamné, pour avoir épousé
 une femme qui avait donné sa foi à un autre homme ; et ce crime
 appelait sur lui la peine de mort. Cependant, nous nous sommes
 abstenu de prononcer contre lui la peine de mort, en considé-
 ration des saints jours où l'on se trouvait alors , à la condition
néanmoins qu'il paierait sans retard sa composition, c'est-à-dire
 150 sous d'or à Frédegiscl ; à moins qu'il ne jurât avec onze co-

   (1) La puissance législative étant dans ces temps anciens, chez les Bour-
guignons , réunie dans la personne du, roi avec la puissance judiciaire qui
pouvait se déléguer, et le petit nombre de lois existantes étant bien loin de
prévoir tous les cas, il paraissait naturel qu'une décision privée , lorsqu'elle
était sagement rendue, pût devenir une loi générale, obligatoire pour tous.
Mais aujourd'hui que ces deux puissances ont été séparées, et que lesjuges ne
sont plus chargés que d'exécuter les actes de la puissance législative , ils
n'ont conservé la faculté de rien décider par forme réglementaire. Cette dé-
fense est écrite dans nos codes , art. S du code civil ; et cet adage, les arrêts
sont bons pour ceux qui les obtiennent , a reçu du temps et du législateur la
sanction que la force des choses devait amener.
  (2) Voyez la note placée sous l'art. 5 du titre 12.
  (3] Le temps du Carême qui était un temps d'indulgente, même dans l'or-
dre civil. Voyez le Glossaire de Ducanijc au mot quadraijeswia.