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118                     LES TROIS BURCHARD.
90 ans, après avoir occupé pendant plus de cinquante-deux ans
le siège métropolitain de Lyon.
    La vie de Burchard II nous apprend que ce prélat possédait
toutes les qualités qui, pour le siècle où il vécut, constituent le
grand homme. Quoique doué d'une piété sincère, il ne fut point,
à la vérité, canonisé comme son frère Burchard, archevêque de
Vienne. Mais il avait bien apprécié les besoins de son époque
et le rôle important que l'Eglise était appelé à remplir envers les
populations, en ouvrant à la masse des petits propriétaires en-
core libres , mais affaissés et démoralisés , par suite des inva-
sions des barbares , un abri contre les envahissements du pou-
voir toujours croissant de la féodalité , et en leur procurant des
protecteurs sous la crosse d'un abbé , ou la mitre d'un évoque.
Mais il avait senti que cette protection, pour devenir efficace ,
devait être libre, forte, et indépendante du pouvoir des laïques.
En conséquence, tous les efforts du prélat tendirent désormais
à accroître la puissance temporelle de l'Eglise , non seulement
dans son diocèse, mais encore partout où son influence person-
nelle pouvait s'étendre.
   Quelle que soit la part que son ambition personnelle ait pu avoir
dans l'accomplissement de cette tâche, ce royal prélat mérite
l'éternelle reconnaissance de cette belle et populeuse cité, pour
avoir élevé l'église métropolitaine de Lyon au plus haut degré de
lustre et de splendeur, en faisant revivre son ancienne prima-
tie (1) ; pour avoir affranchi Lyon du pouvoir fiscal et féodal des
comtes, et établi sur des bases légitimes et solides la souverai-
neté temporelle des archevêques, sous la mouvance immédiate
des rois de Bourgogne et des Empereurs leurs successeurs. Jl
jeta ainsi les fondements de l'indépendance et des libertés munî-


nuseril des abbés de Saint-Maurice du XIe siècle. (Archives de Saint-Mau-
rice) Histoire (manuscrite) de l'Abbaye de Sainl-Maurice.
   (i) C'est ce que prouve incontestablement la bulle du pape Grégoire VII,
en faveur de Gébuin , archevêque de Lyon, de l'an 1079 : « Confirmaremus
« primatum super quatuor provincias Lugdunensis Ecclesia;.... ab antecesso-
« ribus nostris concessara. » {Gallia christiana, 1. IV, Inslr. p. 8 ).