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	                         LES TROIS BURCHARD.                            113
tées depuis plus de deux siècles comme l'apanage héréditaire
des princes de la race des rois de Bourgogne-Jurane (1).
    Cependant le monarque régnant était en butte aux soulève-
ments réitérés des magnats de son royaume, qui se révoltaient
contre l'ascendant que les prélats, et notamment l'archevêque
de Lyon, exerçaient dans les affaires de l'état, ascendant qui
tendait trop ouvertement à établir partout l'indépendance du haut
clergé au détriment du pouvoir des comtes et des grands béné-
 ficiera du royaume, pour ne pas exciter leurs plaintes. Deux
partis puissants s'étaient formés dans l'état; à la tête du premier
se trouvait l'archevêque Burchard, soutenu par la reine Hermen-
garde et la plupart des évêques de la Transjurane, également
 alliés au sang royal ; la faction opposée réunissait les principaux
seigneurs du pays et leurs nombreux adhérents. Rodolphe III,
ayant eu un frère aîné, nommé Conrad, mort avant son père,
auquel il devait succéder (2), fut destiné, dans sa jeunesse, à
l'état ecclésiastique, et il avait puisé dans cette première édu-
cation un penchant décidé pour le clergé. Ce monarque, déjà
âgé, était privé d'enfants, quoiqu'il fût marié pour la seconde
fois ; mais il avait eu quatre sœurs, nées de deux lits différents (3),
et sa couronne devait passer, après sa mort, sur la tête de l'un
de ses neveux. L'archevêque Burchard avait un grand intérêt à
ce que le choix du roi, son frère, s'arrêtât plutôt sur lefilsde l'une
de ses propres sœurs que sur les petits-fils de Mathilde de France,
seconde femme de Conrad le pacifique, son père.
  L'empereur Henri II était fils de Gisèle, née, comme Burchard,
d'Adélanie et du roi Conrad. Le monarque germain se trouvait
ainsi être son neveu du côté paternel et maternel (4) ; Henri était
en outre très-porté à favoriser l'Église, qui le surnomma le saint.
Burchard représenta au roi, son frère, qu'il ne jouirait d'aucun
   (1) Rodolphe I er fut abbé-comte de Saint-Maurice avant que d'être élevé à
la royauté.
   (2) Voyez Revue du Lyonnais, t. II, p. 383.
   (5) Voyez Revue du Lyonnais, p. 584 et suivantes.
   (-4) Voyez Revue du Lyonnais, t. II, p. 384.
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