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114                      LES TROIS BURCHARD.
 repos tant qu'il n'aurait pas désigné son successeur au trône ;
 il lui fit observer que l'empereur Henri, étant né de l'aînée des
 filles du roi Conrad, leur père commun, il avait les droits les
 plus prochains à sa succession, et il lui démontra, en outre,
 tous les avantages politiques qui résulteraient de cette préfé-
 rence légitime, qui lui offrirait un puissant appui contre l'in-
 soumission de ses sujets, toujours prêts à se révolter, et as-
 surerait le maintien des immunités accordées au clergé, ainsi
 que la tranquillité de ses vieux jours.
    L'archevêque fut secondé dans cette grave circonstance par la
reine Hermengarde, dont il avait su concilier les intérêts parti-
culiers avec les siens. Le monarque, accompagné de la Reine
et des deux jeunes fils qu'elle avait eus d'un premier mariage,
ainsi que des archevêques Burchard de Lyon, et Burchard de
Vienne, son frère, se rendit, en 1016, à Strasbourg, auprès de
l'empereur Henri, qui était venu à la rencontre du roi son
oncle (1). Ces grands personnages arrivèrent dans cette cité après
les fêtes de Pâques, et, là, en présence des magnats des deux Etats,
Rodolphe reconnut solennellement l'empereur Henri pour son
successeur au royaume de Bourgogne, et l'associa en quelque
sorte de son vivant à sa royauté, en lui promettant de ne rien
entreprendre d'important sans son consentement exprès (2). Mal-
heureusement, l'empereur Henri II mourut avant son oncle,
en 1024, et tout l'édifice que l'archevêque Burchard avait élevé
avec tant de sollicitude se trouva de nouveau compromis : les
troubles excités par les diverses factions, dont chacune cherchait
à faire passer la couronne des deux Bourgognes sur la tête de
son candidat, devinrent plus graves et plus compliqués.
  Conrad-le-Salique, successeur d'Henri le Saint, ayant épousé
Gisèle, nièce du roi Rodolphe, prétendait que son héritage lui re-

    (1) Les Archives de Lemens en Savoie renfermaient ( an 1762) l'original
«l'une charte , publiée par Guickenon ( Bibliothèque Sébmienne , cent. I ,
n° 44), d'une manière très-incomplète, datée de Strasbourg ; elle étaitsignée
par le roi Rodolphe et l'empereur Henri.
    (2) Voyez Dithmari Chrom. adannum 1016 (apud Leibnitz, t. III, p. 406).