page suivante »
68 COLONNE BE CUSSY. phe de Beaune ; l'ingénieur Thomassin, est aussi du sentiment de Saumaise. Cette assertion est trop évidemment un anachro- nisme monumental pour que je sois obligé de la combattre par d'autres arguments tirés de l'histoire générale et de la con- quête de Jules César. Certes, si l'on eût élevé à la gloire de ce grand homme un monument dans les Gaules, ce monument avait sa place marquée à Alesia, où il porta le coup mortel à la nationalité gauloise ; mais il était trop habile politique pour hu- milier de la sorte les peuples vaincus et incorporés à l'empire. Au surplus, il était impossible d'ériger, en l'honneur de J. César, des monuments à une époque où les guerres de la conquête étaient loin d'avoir leur terme, qui ne fut atteint par les Ro- mains que sous Auguste. Moreau de Mautour, qui s'est beaucoup occupé de ce monu- ment, avait d'abord adopté l'idée assez étrange du P. Monfaucon, qui prenait le captif pour un Saturne aux mains enchaînées, appréciation mythologique aussi savante qu'inexacte; mais , lorsqu'en 1722 il visita Cussy, à l'aspect des tombeaux et des ossements dans le bois de Deffend, il en conclut qu'un com- bat avait été livré en ce lieu, et que la colonne avait été érigée à la gloire du vainqueur. Sans trop consulter l'histoire générale, par la seule induction d'une médaille de Tétricus trouvée dans cette région, il imagina que ce monument avait été élevé en l'honneur de Claude-le-Gothique, dont les Eduens d'Autun in- voquèrent le secours contre les Gaulois révoltés. Mais Claude- le-Gothique, occupé de sa guerre contre les Goths, pendant la- quelle il périt, ne vint pas recouvrer la Gaule et faire lever le siège d'Augustodunum ; il n'envoya pas même des troupes pour secourir cette malheureuse cité, qui fut prise et pillée , après un siège de sept mois, par les Bagaudes et non par Tétricus. Si cette opinion de Moreau de Mautour n'était pas contraire à l'histoire, elle aurait le mérite d'être conforme à la date artistique inscrite dans toutes les lignes du monument. Vient enfin M. Girault, connu par son défaut de critique et l'assurance de ses assertions. Il affirme que le monument doit être rapporté à la défaite de Sacrovir par C. Silius, général de