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COLONNE DE CUSSY. 63 endommagée ni dégradée. Toutefois, il ne prit aucune mesure pour qu'elle fût préservée, après lui, des injures des hommes, car, jusqu'en 1825, elle est restée isolée, sans clôture, sur le bord d'une prairie, exposée aux outrages des pâtres et des en- fants. Si un sentiment de gratitude doit être exprimé en faveur du précieux monument, qu'il soit adressé aux. acquéreurs du pré sur lequel s'élevait la colonne, vendu sans restrictions par la nation à deux cultivateurs du pays, lesquels, devenus proprié- taires du monument, ne voulurent pas, par respect pour cette antiquité qui décorait leur village, en tirer aucun profit, et qui, plus tard, donnèrent une partie de leur champ lors de sa res- tauration, Grivaud de la Vincelle publia les notes de Pasumot cinq ans après la lumineuse dissertation du docteur Prunelle. Quelques années après, Millin fit son voyage archéologique dans le midi de la France, en passant par Gussy. Il a mis dans l'appréciation archéologique du monument sa sagacité et son érudition, mais il a été moins heureux, dans son interprétation historique. Vers 1822, la célébrité de ce monument attira l'attention du gouvernement. Le vœu était généralement exprimé de met- tre à l'abri des dégradations cette belle antiquité. L'acadé- mie de Dijon fut l'organe de cette sollicitude éclairée, et l'un de ses membres, feu X. Girault, fit à cette occasion une disser- tation sur la question historique que soulève l'origine de ce mo- nument. La restauration de la colonne fut arrêtée par le préfet Séguier. Il est regrettable que, pour cette œuvre difficile, en ce qu'elle exigeait des lumières spéciales, une commission ar- chéologique n'ait pas été instituée pour la diriger. M. Saintpère, architecte, fut seul chargé de cette étude. Il proposa de protéger la colonne par un mur d'enceinte et de la décorer d'un chapiteau neuf, en déposant au pied du monument, sur des trépieds de fer, les deux antiques chapiteaux problématiques. Cette malheureuse idée d'un chapiteau neuf, laissé à la fantaisie de l'architecte, alors que le véritable était indiqué par la plupart de ceux qui avaient écrit sur cette antiquité, prévalut dans cette œuvre de restaura- tion. Il est juste, toutefois, de reconnaître que des divergences