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3/4 MOLIÈRE, ÉLÈVE DE GASSENDI ; Le maître de philosophie du Bourgeois gentilhomme ne se morP tre pas moins habile que Pancrace dans les divisions el les subdi- visions de la logique scholasttque. 11 offre à M. Jourdain de l'ins- truire dans la logique qui traite des trois opérations de l'esprit qui sont : la première, la seconde et la troisième. La première, qui est de bien concevoir par le moyen des universaux ; la seconde, de bien juger par le moyen des catégories; et la troisième, de bien tirer une conséquence, par le moyen des figures Barbara, Celarent, Darii, etc. A en croire Grimarest, l'original de ce maître de philosophie serait Rohault, un des plus zélés et des plus célèbres disciples de Descartes, et en même temps ami de Molière. Il raconte même que Molière, afin que tout le monde pût reconnaître Rohault, lut aurait fait demander son chapeau, qui était d'une forme parti- culière, pour l'acteur qui devait jouer ce rôle, et que Rohault n'aurait pas été assez philosophe pour le prêter, instruit de l'u- sage qu'on voulait en faire. Mais ce récit est dépourvu de toute espèce de vraisemblance. D'abord, Molière était l'ami de Rohault, et il n'est pas probable qu'il eût voulu l'immoler, comme Gotin, aux risées du parterre, et ensuite les catégories, les universaux, les figures Barbara, Celarent, etc. dont il est ici question, n'ont évidemment aucun rapport avec la philosophie de Descartes et de Rohault, qui n'en faisaient pas plus de cas que Molière lui- même. Cependant, il paraît que l'idée de la fameuse leçon de prononciation est empruntée au discours physique de la parole» par le cartésien Cordemoy (1). Molière raille la physique et non plus la logique de l'école, lorsqu'il fait répondre au malade imaginaire que l'opium fait dormir parce qu'il a une vertu dormitive. Les péripatéticiens scolastiques croyaient, en effet, expliquer tous les phénomènes par des formes substantielles ou accidentelles, c'est-à -dire par des entités mystérieuses, des qualités, des vertus occultes, qu'au (1) En effet, dans le discours de la parole, qui ne mérite nullement néanmoins les railleries de Molière, Cordemoy recherche quel est le chan- gement du gosier, de la langue, des dents et des lèvres dans toutes les Articulations.