Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                       HOSPICES D'ALIÉNÉS.                      303
voilà nos premiers précepteurs : nous profitions, ajoute-t-il \, à
contempler ces irréprochables enfants de Dieu.
   Si de ce spectacle de la vie simple, nous passons à celui' de
la vie factice, il y a, dans les salles, des journaux où ces illu-
sions se nourrissent. On assiste aux assemblées de la Législa-
tive. On voit que le peuple se contente aussi des faux sem-
blants de liberté. Il crie contre les taxes, comme autrefois les
Gaulois, nos pères, mais il les paye de bon cœur, pourvu toute-
fois qu'il ait l'air de voter l'impôt. On s'Invite aux revues du
Champ-de-Mars, aux concerts, aux drames des cours d'assises ;
électeurs in peto, on assiste aux comices, on assiste aux séan-
ces de l'Académie des sciences ; puis, alors on espère que la
science, couvée par ce noble corps, fera éclore à la fin le remède
dont chacun a besoin. Le billard est tout près, le damier, l'é-
chiquier où le fou n'est pas un embarras, les<;artes dont l'inven-
tion fut aussi un remède. Le trie trac est encore un des jeux de
la salle. Ce jeu mixte, d'après Leibnitz, représente les phases
de la vie, où il faut toujours, comme dans la pratique médi-
cale, à la guerre et dans la politique, donner deux tiers au rai-
sonnement et un au hasard. Non loin, l'orgue et le clavier, dont
les touches se ressentent des fébriles mains qui les tourmentent,
et leur état peu harmonique vient justifier Platon, jugeant des
mœurs d'un peuple par l'état de la musique,
   Ces illusions, de nécessité hygiénique, suivant M. Desporte,
opèrent sur le plus grand nombre ; mais, hélas ! pour quelques
uns, plus cette liberté est voilée, plus elle leur est belle, entraî-
nante, désirée, et, puisque nous nous trouvions , il n'y a qu'un
instant parmi les roses, disons qu'à ce faux semblant on peut
appliquer, à l'égard de ces pauvres esprits, trop clairvoyants
pour leur malheur, cette gracieuse pensée du Tasse, sur la rose
cachée dans sa verte enveloppe :
             Quanto si monstra men tanto e pio bella.

  On dit qu'une rivalité de chant tient disséminés les rossignols
entre eux ; ces verts feuillages et ces ombrages multipliés, où
ces oiseaux fourmillent, donnent un démenti à ce préjugé. Cet