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HISTOIRE DES JOURNAUX DE LYON. 107 Voilà votre meilleure excuse. D'ailleurs, mon sexe est indulgent, Pour peu qu'on l'adore il pardonne, Et quand de lui l'on s'occupe un instant, 11 aime assez qu'on déraisonne. Le nom de Fourrier nous a fait arrêter un instant à cette polémique que bien des gens pourront trouver peu digne d'un réformateur. Puisque Fourrier doit régénérer le monde et que ses partisans le mettent déjà au rang des Platon, des Solon, et peut-être plus haut encore, il nous répugne de voir cette intelli- gence, qu'on se représente calme, grave et sublime, s'abaisser jusqu'au plus vain caquetage, et perdre sa dignité au point de publier dans un journal de province des vers que ne voudrait pas signer un écolier. Nous aimons mieux retrouver cet homme lorsqu'il prêche l'harmonie universelle; sagesse ou folie, erreur ou vérité, ce qu'il dit est du moins sérieux, et les événements des dernières années ont fait voir que son système n'est pas sans portée; il a ébranlé assez violemment la société pour que l'on puisse le redouter. La lettre insérée dans le Bulletin du 11 frimaire an XII nous initie à la pensée intime de son auteur. Combien il est plus grand ici que lorsque nous l'avons vu il y a un instant ! avec quelle « haine implacable il découvre les maux de la civilisation ! avec quel empressement il montre les plaies de l'humanité, comme s'il lui était donné de les guérir. « A MADAME A. F. « Le calcul de l'harmonie dont M m e A. F. réclame la publication est une découverte à laquelle le genre humain élaitloin de s'attendre. C'est une théo- rie mathématique des destinées de tous les globes et de leurs habitants , une théorie des seize ordres sociaux qui peuvent s'établir dans les divers globes pendant l'éternité. « Des seize sociétés possibles , on n'en voit sur notre globe que trois : sauvagerie, barbarie et civilisation. Elles vont finir prochainement ; et tous les peuples de la terre passeront à la quinzième société , qui est l'harmonie simple.