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200 NOTICE HISTORIQUE zone chrétienne, par le P. Jean-Marie, religieux du tiers-Ordre de Saint-François, et c'est dans cette Histoire, aujourd'hui très- rare, que le P. des Billons a puisé la plupart des faits dont se compose la sienne. Ce fut en l'année même où le P. des Billons publia ces deux ouvrages que s'opéra la suppression entière de la Compagnie de Jésus. Le P. des Billons ressentit ce coup plus vivement encore qu'il n'avait ressenti les coups précédents. Il se soumit au bref de Clément XIV avec tout le respect dû au chef visible de l'Eglise, mais il se contenta de faire quelque léger changement dans la manière de s'habiller, sans en faire aucun dans sa manière de vivre. Des prêtres séculiers, et, après eux, les prêtres de la Mis- sion, vinrent remplacer les Jésuites dans les collèges du Palati- nat. Le P. des Billons vécut avec eux comme avec leurs pré- décesseurs, et ils eurent pour lui les mêmes attentions. La Bibliothèque devint plus que jamais sa consolation et sa ressource. Il l'avait considérablement augmentée, depuis qu'il était à Manheim, et il l'augmentait encore tous les jours. Il avait ses correspondants en France, en Hollande, en Allemagne, en Italie et ailleurs, et savait se procurer par eux, souvent à bon marché, des livres précieux qu'il voulait avoir. S'ils avaient be- soin d'être lavés, il les lavait avec autant de patience que de dextérité ; son secret n'était autre que celui qu'emploient tous les jours les marchands de vieux livres. Il en avait un qu'il estimait singulièrement, et qu'il regretta beaucoup lorsqu'il le perdit. C'était un Virgile qui avait appar- tenu à François Guyet et qui était rempli des notes marginales de ce célèbre littérateur du XVIIe siècle, presque aussi connu par ses paradoxes et ses opinions singulières sur les anciens, que le P. Hardouin le fut après lui. Ce Virgile avait passé à Ménage, qui avait fait l'acquisition des livres de Guyet, puis à la Bibliothèque de la maison professe des Jésuites, et enfin était tombé aux mains du P. des Billons. Il se plaisait à le montrer aux étrangers ; c'était un livre entièrement gravé et de la plus charmante exécution. 11 disparut avec plusieurs autres volu- mes, un jour que le P. des Billons le montra à un homme qui