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122                        DE L'HISTOIRE
tenait hier un langage bien différent, de la nécessité de restaurer
les croyances religieuses. Nous estimons, nous, qu'elles ont be-
soin de restauration beaucoup moins qu'on ne le suppose; nous
croyons que ce sont elles qui, principe caché des nobles et
saintes aspirations de notre âge tant calomnié, poussent encore
le genre humain à ses destinées. Mais enfin, c'est aussi notre
conviction profonde et réfléchie que, si le christianisme vit au-
jourd'hui plus que jamais dans les âmes et dans le peuple de
France, il a besoin de faire cependant, pour adoucir les épreuves
sociales, de nouveaux et rapides progrès. Oui, développez, ce
n'est pas nous qui nous y opposerons jamais, développez sa
légitime influence qui n'a pas baissé, mais qui peut encore
grandir; elle ne saurait trop intimement pénétrer les esprits, les
cœurs, les institutions ! Fortifiez, éclairez par des considérations
capables de toucher les âmes, celles qui s'inclinent devant le
dogme, et augmentez-en le nombre ! Plus le XIXe siècle sera
chrétien, plus il accomplira largement et pacifiquement sa tâche.
Mais, en vérité, est-ce un si bon moyen de le ramener à la foi,
que de jeter l'anathème à sa raison? Est-ce une démonstration
bien rigoureuse ou même bien habile que celle qui suppose que
le genre humain, au lieu de s'approcher sans cesse de son idéal, li-
vré en proie,depuis trois cents ans, à toutes les décadences, à toutes
les sottises, à tous les vices, doit vouer au mépris l'idée de pro-
grès, pour se donner le plaisir de se méconnaître dans ses plus
glorieuses conquêtes ? Non, qu'on ne l'espère pas, une époque
ne se nie pas elle-même ; la pensée moderne aimerait mieux
périr que d'abdiquer entre les mains de ceux qui l'insultent. On
a tenté en vain de lui persuader un renoncement impossible à ses
découvertes et à sa liberté ; on n'a fait que l'exaspérer. Qu'on
laisse donc de côté, enfin, un système apologétique qui a dé^-
tourné de la foi tant d'âmes, tant de précieuses âmes qui ne de-
mandaient qu'à y venir. Ce n'est point par des légendes remises
en honneur, ce n'est point par des histoires de sainte Elisabeth
de Hongrie, faites sans critique et sans goût, ce n'est point par
des réimpressions d'un commentateur, à moitié cartésien, de
saint Thomas, ce n'est point par des réhabilitations paradoxales