page suivante »
14 TOURNUS. le paysan préfère les vêtements de velours, les villa s'éparpillent, se multiplient, elles poussent partout : la manifestation des goûts méridionaux a commencé, nous devinons les bastides des alen- tours de Marseille. < - Soit que, du pont d'un des nombreux pyroscaphes qui sil- lonnent notre douce rivière de Saône, on se borne à embrasser d'un coup d'œil général la ville et l'horizon de Tournus, à sui- vre sur la ligne blanchissante de son quai, qui se développe avec une solennité et une ampleur dignes d'une capitale, l'im- posante basilique de Saint-Philibert, l'ancien palais abbatial dont la façade regarde la Saône, l'apside et le clocher de la Magdeleine ; soit qu'on pénètre dans l'intérieur de la cité, on éprouvera de nobles émotions. II. Tournus, situé sur une terre couverte de tumuli, a d'immen- ses attraits pour le paysagiste, l'archéologue, l'artiste, l'historien. 11 est désigné dans les Tables Théodosiennes sous le nom de Tenurtio, et dans PItinérairaire d'Antonin sous celui de Tinur- tium : il dépendait, sous l'ère gauloise, de la puissante république des Eduens. Les Romains en firent, comme de Chà lon, un lieu d'approvisionnement de leurs armées, et la belle voie qu'Agrippa fit tracer de Lyon à Boulogne traversa ses murs. Ce fut près de Tinurtium que fut livrée la première bataille entre Albin et Sévère, si l'on en eroit une foule d'autorités respectables. Ce qu'il y a de bien certain, c'est que cette cité fut une des plus importantes de la Gaule lyonnaise. Elle fut comprise dans les royaumes de Bourgogne et fit partie des deux duchés de ce nom. Etroitement unie à la ville de Mâcon, elle suivit le sort de sa capitale naturelle et se laissa, comme toutes nos cités bourguignones, incorporer à la France, à l'époque de la réunion, mais en regrettant sa nationalité perdue. Morte à la gloire antique, la ville de Tournus revécut par son église La basilique de Saint-Philibert jeta sur elle un immense éclat par son abbaye et ensuite par son chapitre.