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298 HOSPICES D'ALIÉNÉS. forcer dans les serviteurs de la maison la foi inséparable de la charité. La situation dominante de l'édifice est digne de la grandeur romaine ; mais cette situation, qui lui offre en perspective l'eau courante des fleuves, l'air, l'espace, de là lumière à flots, l'ani- mation du son des cloches, les bruits militaires, un écho répé- tant sans cesse le tumulte de la ville et toute l'agitation d'hom- mes en liberté, est loin de satisfaire aux nécessités de ces pauvres existences. — Elles comprennent toutes que la vie est dans le mouvement ; et elles se voient prisonnières ! L'Administration de l'hospice de l'Antiquaille est municipale. Son zèle est éclairé, infatigable , proportionné à sa tâche ; mais l'hospice porte un nom qui exclut toute idée d'assistance chari- table et d'intervention pieuse. Ce nom est Y Antiquaille-; l'imagination s'en effraie, le cœur se soulève et bondit à la seule appréhension qu'il fait naître. U Antiquaille l ! !— Dans un refuge de ce nom, le sang doit s'appauvrir, le pouls cesser de battre , l'intelligence se perdre, et la décrépitude exercer l'irrésistible empire de la mort, qu'un tel nom qui ne pactise qu'avec le passé, et jamais avec l'avenir, semble lui avoir inféodé. Il y a des mots malheureux. Tout a été dit sur l'influence des noms quant aux personnes et quant aux choses. Le nom attache, il séduit. On doit être moins malade, moins incurable sous ce toit de chaume, dont le nom emprunte quelque chose soit à l'espé- rance, soit à la charité, que dans le vieux palais dont le nom ne sourit qu'à l'archéologie. II. Les religieux de l'ordre de Saint-Jean-de-Djeu ont mis leur établissement d'aliénés sous le vocable de deux grands saints, saint Pierre et saint Paul, Et pour que leur œuvre soit à jamais stable, en le fondant ils se sont inspirés de cette pensée du psal- miste : ISisi Dominus 'œdificaverit domum, 'in vanum laberave-