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           SÛR LE POUVOIR TEMPOREL DE LA PAPAUTÉ.                            31
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austrasien soutenait contre les Arabes , et sa mort arrivée peu
après, l'empêchèrent-elles de rien faire de plus. Mais neuf ans
plus tard, en 750, un incident fameux montra que la proposition
du pontife n'avait pas été oubliée. Pépin-le-Bref, fils et succes-
seur de Charles-Martel, s'ennuyant de n'être que le premier
ministre d'un roi fainéant, voulut définitivement être roi. Mais
retenu par la religieuse sympathie des Franks pour la race mé-
rovingienne, il ne crut pas devoir s'attribuer ce titre auguste,
sans s'être muni d'avance d'une approbation qui fit disparaître
tous les scrupules, et, de concert avec les seigneurs franks, il
adressa au pape Zacharie la question célèbre, savoir : auquel des
deux devait appartenir le nom de roi, à celui qui en exerçait
les pouvoirs ou à celui qui en avait simplement le titre ? La
réponse du pape fut telle que Pépin la désirait ; elle portait que h
titre devait accompagner la réalité du pouvoir (1).
   Aussitôt cette réponse reçue, Childéric III fut rasé, enfermé
dans un monastère, et Pépin proclamé et sacré roi à sa place.
On a beaucoup discuté sur cette réponse de Zacharie. Les uns y
ont vu l'acte d'une haute juridiction temporelle, les autres seu-
lement un avis doctrinal sur un cas de conscience. Au milieu de
la diversité des sentiments, il est malaisé de bien caractériser ia
nature de l'acte accompli ici par le pape. Si l'on entend par cette
haute juridictiou temporelle que Zacharie déposa Childéric III, et
éleva Pépin à sa place de sa propre autorité, on se trompe évi-
demment , vu que Zacharie aurait fait un acte sans modèle et
sans imitation. D'un autre côté, peut-on supposer que la réponse
du pape n'ait été qu'un simple avis sur un cas de conscience,
quand on lit dans les historiens contemporains que Pépin fut
élevé à la royauté par l'ordre, le commandement du pape Za-
charie (2). On approcherait, je crois, de la vérité, en disant que

conlin., ann. 752. — Annales Mciens., ap. Duchesne , p. 273. — MabiUon,
De re Diplom., éd. de Naples., t. I, p. 200.
   (1) On peut lire les témoignages des anciens historiens sur ce fait.dans l'abbé
Rohrbacber, Des Rapports naturels entre les deux puissances, in-8 6 ,1.1, p. 17.
   (2) Anast. Biblioth. in vita Slephani Papœ U. — Sigonio, ffisl. de Régna
Italiœ, lib. HI,anno 754.
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