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278 SUR L'ENSEIGNEMENT DE LÀ PEINTURE. cœur ni l'esprit? Etudions donc sans relâché , et, pour éviter les défauts de nos contemporains, choisissons dans les anciens maî- tres ceux dont la manière leur est la plus opposée. Je ne parle pas ici du style élevé de l'histoire , je ne m'adresse qu'aux peintres de genre ; et je dis que l'extrême fini de Gerardow étonne , mais fatigue par l'excès du travail, tandis que Teniers plaît par la vi- vacité et par l'esprit de son pinceau ; Terburg et Metzu par la suavité, Rembrandt par la vigueur. Choisissons celui de ces maî- tres, qui se trouve en rapport avec notre tempérament et notre inclination ; mais, pour le clair-obscur, étudions surtout Rem- brandt ; .personne mieux que lui n'a senti la poésie de la lumière. S'il avait aussi bien compris le dessin et la poésie des formes, il serait un peintre incomparable. Mais, devant ses œuvres, on reconnaît alors , plus que jamais, que le dessin doit être réelle- ment la base de la peinture, car, sans la beauté des formes, il faudrait alors posséder, comme Rembrandt, toutes les richesses de la couleur, l'harmonie parfaite du clair-obscur et une grande puissance d'expression, pour faire supporter ses incorrections ; mais Rembrandt est inimitable. Néanmoins , sans être copiste , cherchons à imiter la fermeté de sa touche , la vigueur de son coloris et l'harmonie de son clair-obscur ; mais tâchons, par- dessus tout, de mettre de la poésie dans nos œuvres ; on en peut trouver dans les objets les plus simples et les plus fami- liers; un de nos jeunes compatriotes (1) n'en a-t-il pas su mettre dans ses tableaux de fleurs? Ceci m'amène à d'autres réflexions* car, quoique celles-ci soient déjà bien longues, elles n'ont pas encore touché le but que je me suis proposé d'atteindre. Tous ces jeunes gens qui ont la prétention d'entrer dans la noble carrière des arts, ont-ils bien réfléchi sur toutes les diffi- cultés qu'ils auront à vaincre ? À peine savent-ils tenir une pa- lette, qu'ils se croient déjà capables de devenir des Raphaël. Qu'ils ne se laissent pas tromper par un faux amour des arts , amour trop séduisant pour celui qui ne sait pas combien de peines l'accompagnent. Ils prennent souvent un goût passager ( i ) M . St-Jean.