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220 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. perdue. Le véritable succès est à celui qui, patiemment et la- * borieusement, taille, polit, assemble ses matériaux; c'est à cette,condition qu'on passe à la postérité. v Nous avons donc lieu de croire que la patienée des sous- cripteurs sera largement compensée par l'intérêt que leur offrira cette livraison , la perle de tout l'ouvrage, à notre avis , prima inter pares, et dont nous allons tracer une rapide et légère esquisse. Le premier des six chapitres dont se compose la cinquième livraison des Inscriptions antiques de Lyon, renferme les in- scriptions relatives aux corporations deLugdunum : commerce— professions—arts mécaniques et libéraux. Numa qui distribua le peuple de Rome en neuf collèges d'arts et métiers, person- nifie , suivant l'expression de M. de Boissieu , l'organisation régulière et progressive de la société romaine ; de même que Romulus, par sa conquête, en rappelle toutes les traditions originelles. « Guerriers et agriculteurs, tels sont les grands peuples à leur berceau. » Plus tard, cet état primitif se modifie, suivant la loi commune de tout développement social. À l'ordre politique basé sur là condition des individus se substitue l'ordre basé sur leurs facultés ; en d'autres termes, à l'aristocratie de la naissance succède l'aristocratie de la fortune, et peu à peu s'éveille l'antagonisme des classes pauvres contre les classes riches. Pendant un long temps, ce mouvement, que nous appelle- rions , nous autres, du tiers-état, oscille entre les sodalités civiles et religieuses, les confréries et les corporations d'ouvriers, qui, les dernières surtout, depuis Servius jusqu'à Cicéron, comptent à peine dans la République , puisqu'il est interdit au citoyen romain dé tenir buvette, ou de se livrer à un travail manuel. Après les Gracques, on voit les corps d'artisans se mêler aux factions politiques. Les collèges , tour-à -tour frappés ou rétablis, deviennent un foyer de troubles sans cesse renaissants ; abolis par Gésar, ils se reforment à la faveur des guerres civi- les , jusqu'à ce qu'Auguste les anéantisse de nouveau , n'en