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SUR L'ENSEIGNEMENT DE LA' PEINTURE. 281 qui fait la gloire d'une nation ; mais la qualité de leurs œuvres! Et quelles œuvres pourront produire la plupart de ces artistes ignorants qui, après avoir végété dans les écoles, n'en sorti- ront que pour végéter encore sans talent et sans but dans la société; car ces jeunes gens, accoutumés à l'indépendance qu'ils ont contractée dans les académies , ne peuvent plus s'astrein- dre à aucun genre d'étude ou de travail, qui exige de la régu- larité, de l'assiduité et de la subordination. H est nécessaire , peut-être, d'expliquer ceci par la définition des procédés d'ins- truction employés pour le dessin et pour la peinture. On croit généralement que les élèves qui ont été admis dans l'Ecole et qui en sortent avec quelque connaissance des arts du dessin, ont acquis par cela même plus de goût et d'aptitude aux arts mécaniques et aux métiers qui s'y rattachent; cela serait mora- lement vrai, mais l'expérience a démontré que ce qu'ils gagnent de ce côté , ils le perdent par l'esprit d'indépendance et d'insu- bordination qu'ils ont contracté dans l'école. Le professeur de dessin n'a pas , comme tout autre institu- teur, le moyen de régler le travail de ses élèves ; il ne peut pas déterminer leur tâche , parce que , d'une part, le modèle n'est pas le même pour tous, et, de l'autre, qu'un élève allant plus vite que son voisin, celui-ci, quoique plus lentement, réussit souvent mieux que lui, pendant qu'un troisième ne fait rien, et dit pour excuse qu'il n'est pas en veine; de tout cela, lé pro- fesseur n'a rien à dire , il reconnaît très-bien le paresseux, il le signale comme perdant un temps qui serait mieux employé à suivre le métier de son père ; mais l'enseignement est gratuit, et les parents se persuadent que leur fils en sera quitte pour un an de plus d'apprentissage, il en passe trois ou quatre , pen- dant lesquels il contracte l'habitude du désœuvrement, de l'in- subordination et souvent la débauche. Mais, laissant de côté les paresseux , si je signale celui qui, avec l'amour du travail, parvient au plus haut degré du savoir qu'on peut acquérir dans l'école; que devient-il, lorsqu'à la la fin de l'année scolaire , au milieu d'une foule empressée, au son d'une musique guer- rière, il est couronné du laurier d'or par les mains du premier