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VIENNE. 265 toute cette ordonnance. — La ligne horizontale ici règne sans partage ; elle est absolue. Sur ce tableau ainsi jalonné de souvenirs et d'édifices, s'ou- vrent de charmants vallons comme celui de Leveau,et de gran- des vallées comme celles de Saint-Marcel et de Paul-1'Évêque , que la Gère emplit de ses gémissements on de son murmure. Maintenant, si de la plate-forme d'un des Janicule, des Pa- latin ou des Aventin viennois, nous voulons planer du re- gard sur l'entourage de la cité , nous aurons au couchant les douces collines et le bourg de Sainte-Colombe, avec son donjon jaune comme une muraille avlésienne ou comme le Travertino romain, son apside d'église, percée des trois croisées trinitaires, sa grande villa inscrite dans les ombrages , et souriant à son enclos émaillé de vignes , de figuiers et d'amandiers , et l'édifice grisonnant de son ancien monastère.—Si c'est pour la ville de Vienne un inconvénient d'être abritée au levant, elle a pour compensation à ce désavantage, le plaisir de voir l'aurore jouer avec les coteaux de Sainte-Colombe. Ah! qu'ils sont rayonnants et beaux, quand le soleil levant baise amoureusement leurs pe- louses et leurs vergers ! A gauche du spectateur, assis sur la eîme de Pipet (1), s'é^ tendent les vignobles d'Ampuis et de Condrieu , et, dans un lointain sublime, surgit Pilât, ce Titan des montagnes viennoi- ses. A droite, s'épanouit la vallée si verte, si sereine, si calme, dont le clocher trapu de Saint-Romain-en-Gall marque l'ouver- ture, et nous devinons les Balmes viennoises. Au midi, en re- venant à l'ombre de Pilât, nous retrouvons , sur la rive vien- noise , l'obélisque romain, la chapelle de Notre-Dame-de-l'lle, et une suite de contours diamantés de soleil et de verdure, qui forment la transition des paysages placides du Viennois , aux sites plus austères et plus fermes de Saint-Vallier. ( 0 Même élymologie que Poupei, montagne voisine de Salins (Jura).