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212                          ATHÈNES.
 L'Acropole, la ville des Dieux proprement dite, malgré les rava-
 ges du temps et les dévastations des hommes est encore debout
 sur le haut rocher, d'où elle domine et la mer et les plaines. C'est
 la ruine la plus imposante, la plus riche et la plus magnifique-
 ment située de toute la Grèce. Après avoir gravi un étroit sentier
 sur le flanc du rocher, nous entrâmes dans Penceinte sacrée par
 un mauvais portail en bois gardé par quelques gendarmes grecs
auxquels nous exhibâmes notre permis, et qui s'attachèrent à nos
 pas pour nous empêcher de porter une main sacrilège sur ces
 ruines. Elles sont déjà profanées malheureusement par une foule
 d'inscriptions banales ou grotesques et de noms obscurs, gravés
 avant que le gouvernement n'ait préposé à ces lieux des gar-
 diens dont la consigne est si sévère, que ce n'est qu'au moyen
 de fortes étrennes et avec de grandes précautions que le voya-
 geur peut s'emparer d'un de ces milliers d'éclats de marbre qui
jonchent inutilement le sol.
    Le premier monument qu'on rencontre, ce sont les Propylées
 dont il reste quelques hautes colonnes et un magnifique escalier
en marbre blanc par lequel montait le char de la déesse. A
droite, s'élève une grande tour carrée, construite au moyen-âge
sur la muraille crénelée qui enferme la colline, et, tout auprès,
le charmant petit temple de la victoire Aptère. Ce monument dé-
licieux se trouve à l'entrée du Parthénon, comme pour en faire
ressortir l'immensité par.-l'exiguïté de ses proportions. Après
avoir franchi le portique des Propylées, on entre dans le Parthé-
non proprement dit. En s'avançant dans cette immense enceinte,
on croit fouler un champ de bataille où gisent encore éparses
les victimes, à la place où elles sont tombées dans le désordre
du combat. Le pied heurte à chaque instant un bas-relief su-
perbe détaché du fronton du temple, une statue mutilée, un
débris d'autel ; là, c'est un éclat d'obus et le crâne de quelque
musulman non enseveli; plus loin, le boulet froid et rouillé gi-
sant à côté de la colonne qu'il a jetée par terre ou du torse
colossal qu'il a brisé. Quelques,corbeaux nichés dans les hautes
corniches croassent et volent quand on approche. Une partie de
la toiture du Parthénon fut détruite en 1687 par une bombe