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          SUR LA VIE ET LES OEUVRES DU P. DES BILLONS.               191
 ment lui donner un titre qui lui laissât la facilité de suivre le
 genre d'étude pour lequel il avait le plus d'inclination. Il sut
 mettre à profit son loisir, et continua d'amasser les matériaux
 dont il avait besoin pour l'exécution de ses projets littéraires.
 Ses Supérieurs, pour seconder ses desseins, le rappelèrent à Paris,
 et le placèrent dans la maison des pensionnaires du collège
Louis-le-Grand, où il resta, près de quinze ans, jusqu'en 1762.
   Ce fut pendant ce séjour à Paris que le P. des Billons donna
l'essor à ses talents, et se livra tout entier à la littérature ; il n'en
négligea aucune partie. Cependant, celle pour laquelle il avait
un goût spécial, et qu'il cultiva le plus, ce fut la poésie ; il est
peu de genres dans lesquels il n'ait donné des preuves de sa
brillante facilité. Maître de presque tout son temps, il consacra
à son travail toutes les heures qni n'étaient pas destinées à ses
exercices religieux, qu'il préférait- à tout. Retiré et sédentaire,
il ne sortait guère que pour aller se promener sur les quais, vi-
siter les boutiques de libraires et assister aux ventes de biblio-
thèques. Les livres furent toujours sa grande et son unique pas-
sion. Il employa, pour s'en procurer, tout l'argent qu'il recevait
de ses parents et dont il lui était permis de disposer. Peu de per-
sonnes qui connussent aussi bien que lui quels livres méritaient
d'être recherchés. Il put souvent en acheter à vil prix qui étaient
de grande valeur, et composer, à peu de frais, une riche et nom-
breuse collection d'éditions rares, curieuses et singulières. C'était
là son plus grand délassement et sa récréation habituelle.
   La naïveté de son caractère le portait à composer des fables.
Il ne pouvait se lasser de lire et de relire celles de La Fontaine.
Il était trop sage pour se mesurer en français avec ce poète ini-
mitable, mais, il entreprit d'en approcher en latin. Les premières
Fables du P. des Billons parurent si belles à ses amis, qu'ils
l'engagèrent à en composer d'autres. Il en écrivit cinq livres,
dont la première édition parut à Glascow, en 1754, chez les
Foulis, célèbres imprimeurs, qui se ruinèrent dans leur zèle
pour la perfection de leur art. Elles eurent le suffrage de tous
ceux qui les lurent, et rien ne prouve mieux combien elles étaient
goûtées que la rapidité avec laquelle on en multiplia les éditions.