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HISTOIRE DES JOURNAUX DE LYON. 183
Si de l'impitoyable sort
Aucun secret ne nous délivre,
En attendant gaîment la mort ,
Mes frères, il faut vivre.
J.-F. PITT , secrétaire de la société épicurienne de Lyon.
Après cela on peut louer la Pucelle de Voltaire et la Guerre
des Dieux de Parny. Parny est d'ailleurs si aimable ! Voici un
couplet qui peut faire apprécier son talent :
Tendre Parny, brise ton luth
Dont les doux sons plaisent au diable,
Et souviens-toi, pour ton salât,
Que Voltaire et sa muse aimable
Sont ensemble chez Belzébuth.
Tandis que l'auteur du Mercure
Vomissant une bile impure
Sur tes voluptueux écrits,
Au rang des élus est inscrit ;
Car il a prouvé, je le jure,
Qu'il était un pauvre d'esprit.
Celui-ci du moins n'a pas eu le courage de signer.
A part ces sacrifices aux dieux de l'époque, le Journal de
Lyon et du département du Rhône est rédigé avec convenance
et talent. 11 vante le bon goût, il blâme le cynisme et l'immora-
lité , et par une espèce de contradiction ou d'inconséquence de
la part d'une feuille qui admet des vers de l'école de ceux que
nous avons cité, il ouvre ses colonnes aux divers avis des
sociétés de bienfaisance, et donne assez souvent les mande-
ments publiés par l'archevêché.
La dernière année de ce journal, 1813, est douloureuse Ã
lire. La France épuisée voit anéantir ses armées et se flétrir cette
gloire qui lui avait donné tant d'orgueil; les levées en masse se
succédaient et ne comblaient pas les vides que faisait le canon
ennemi ; l'hiver avait surpris nos soldats , et le plus grand
homme de guerre des temps modernes se débattait vainement
contre l'Europe coalisée, aidée par l'intempérie des saisons ; le