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184               HISTOIRE DES JOURNAUX DE LYON.
Journal de Lyon, comme tous les journaux du temps, cache
soigneusement nos revers et annonce chaque jour une nouvelle
victoire, après laquelle nos troupes se replient invariablement
sur leurs pas. Ces mensonges attristent le lecteur qui connait
cette lamentable histoire ; ils ne devaient être d'aucune utilité
pour le gouvernement, la vérité s'apprenant dans toute l'éten-
due de l'empire avec une effrayante rapidité.
  Voici comment est racontée la bataille de Leipsick.
    «    Tous les efforts de l'ennemi , pendant la journée , contre Connewitz
et Probstheyde échouèrent. Le duc deTarente fut débordé à Holzhausene ;
l'empereur ordonna qu'il se plaçât au village de Stœtteritz. La canonnade
fut terrible. Le duc de Castiglione , qui défendait un bois sur le centre , s'y
soutint toute la journée.
    « A trois heures après midi , la victoire était pour nous de ce côté contre
l'armée de Silésie, comme du côté où était l'empereur contre la grande armée.
Mais, en ce moment, l'armée saxonne, infanterie , cavalerie et artillerie et la
cavalerie wurlembergeoise passèrent tout entières à l'ennemi           Un moment
de désordre s'ensuivit; l'ennemi passa la Partha , et marcha sur Reidnitz ,
dont il s'empara : il ne se trouva plus qu'à une demi-lieue de Leipsick.
    « L'empereur envoya sa garde à cheval... La promptitude de ses mouve-
ments rétablit l'ordre ; le village fut repris et l'ennemi poussé fort loin.
    « Le champ de bataille resta en entier en notre pouvoir, et l'armée fran-
çaise resta victorieuse aux champs de Leipsick , comme elle l'avait été aux
champs de Waclau.
    « A la nuit, le feu de nos canons avait, sur tous les points, repoussé à une
lieue du champ de bataille le feu de l'ennemi... Notre perte, dans cette jour-
née , peut s'évaluer à 4000 hommes tués ou blessés ; celle de l'ennemi doit
avoir été extrêmement considérable. Il ne nous a fait aucun prisonnier, et
nous lui avons pris 5oo hommes.
   « A six heures du soir, l'Empereur ordonna les dispositions pour le lende-
main. Mais, à sept heures, les généraux Sorbier et Dulauloi...vinrent à son
bivouac lui rendre compte des consommations de* la journée : on avait tiré
 95,000 coups de canon ; ils dirent que les réserves étaient épuisées , qu'il ne
restait pas plus de 16,000 coups de canon; que cela suffirait à peine pour
 soutenir le feu pendant deux heures... et qu'on ue pourrait s'approvisionner
 qu'à Magdebourg et à Erfurt.
   « Cet état de chose rendait nécessaire un prompt mouvement sur un de nos
grands dépôts : l'Empereur se décida pour Erfurt, par la même raison qu'il
avait décide à venir à Leipsick.