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• * 154 SUR LE TABLEAU VORIF DE VICTOR ORSEL Michel-Ange a mis plusieurs de ces figures d'imagination dans la décoration de ses tombeaux. Raphaël, au Vatican, a représenté les vertus chrétiennes. Dans la célèbre chambre de la Segnatura, il'a placé la théo- logie, la poésie, la philosophie, la jurisprudence, pour accom- pagner l'Ecole d'Athènes , la Dispute du Saint-Sacrement et le Parnasse. Mais ces figures sont disposées avec le discernement le plus délicat des convenances ; elles sont conçues de telle sorte que l'esprit peut leur donner une explication rationnelle. Ce sont simplement des figures d'ornementation, complétant et coordonnant une oeuvre composée de plusieurs parties, tirant leur signification du sens général du sujet auquel elles se rat- tachent. Ce sont des figures accessoires, qui n'ont pas la vie et l'action par elles-mêmes. L'artiste, en les ajoutant à son œuvre, semble nous proposer l'idéal de labeauté à laquelle peuventcon- duîre l'exercice des vertus , la culture des sciences et des arts dont ces figures portent le nom. C'est ainsi que les personnages fictifs ont leur emploi dans la peinture et la sculpture; leur donner un rôle actif, une in- dividualité précise, c'est manquer à la vérité et à la vraisem- blance. Les artistes italiens ont été au surplus fort sobres de fictions et d'allégories. Leurs compositions ont toujours un fondement réel ; elles tirent leur intérêt de l'observation de la nature et de l'étude de la religion et de l'histoire. Les Français, moins pénétrés des grandes conditions de l'art, y ont cherché principalement le plaisir des yeux et la distrac- tion de l'esprit. Sous Louis XIV, les palais , les hôtels de ville, les tribunaux et même les églises furent remplis de peintures, de bas-reliefs, de mausolées, dans lesquels on voit le roi et la corr, des ma- gistrats, des maréchaux, des princes , mêlés delà façon la plus étrange aux divinités du vieil Olympe. Nous nous étonnons de ces conceptions singulières, et ce- pendant encore aujourd'hui nous ne connaissons guère, pour