Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
               ET SUR LA PEINTURE RELIGIEUSE.                   155
aos places publiques et nos monuments, d'autres décorations
que des allégories et des fictions, aussi froidement ingénieuses
que celles de nos. devanciers.
   Devant ces statues, devant ces bas-reliefs qui représentent
les villes, les provinces , les fleuves de la France, l'industrie et
l'agriculture, la paix et la guerre, les arts et les métiers, l'es-
prit peut-il se souvenir, peut-il comprendre ? Ne cherche-t-il
pas en vain un enseignement ou une émotion? Tout ce que nos
yeux aperçoivent, ce sont des blocs de marbre taillés agréable-
ment , des proportions plus ou moins correctes, mais à coup
sûr ces réminiscences des statues antiques nous laissent insen-
sibles, nous ne songeons pas à découvrir en elles la présence
d'un Dieu, grand ou petit.
   Quand donc exigerons-nous de l'artiste^ cette logique rigou-
reuse , cette connaissance des choses divines et humaines que
nous demandons à la littérature et à l'éloquence !
   La précision, la science, la raison qui ont fait la gloire de
Corneille, de Racine, de Molière , de Bossuet, ne sauraient-
elles donc s'accorder avec les besoins de la peinture et de la
sculpture ?
   Les maîtres italiens ont prouvé le contraire ; ils ont su trou-
ver la poésie, la force et l'émotion aux mêmes sources où les
ont trouvées nos grands écrivains que le monde entier admire
à si juste titre.
   De cette grande production d'œuves d'art que nous voyons au-
jourd'hui, il sortira, n'en doutons pas, une ou plusieurs écoles
puissantes, établies à la fois sur les principes qui ont présidé à
la création de l'art moderne, et sur la science de l'exécution
amassée depuis quatre siècles. Victor Orsel manquera à cette re-
naissance, car il était un des hommes les plus capables de re-
lever la peinture religieuse.
   Si, dans le tableau qni nous occupe, il a cédé trop aisément au
faux goût français du XVIIe siècle, il faut peut-être en chercher
la cause dans la donnée qui lui a été proposée.
   SI était difficile, en effet, d'obéir aux convenances sévères ob-
servées par les grands maîtres , en suivant à Sa lettre ie pro-