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152 SUR LE TABLEAU VOTIF-DE VICTOR ORSEL de l'art chrétien, se retrouve dans le groupe de la Vierge et de l'Enfant-Dieu. Avant le XVe siècle, les artistes représentaient toujours la Vierge et Jésus-Christ eufant, avec l'expression de la dignité, de la réserve, de la puissance et de l'autorité souveraine. Ces 1 ainsi qu'on les voit dans les peintures de l'ancienne école toscane, dans celles du Pérugin ; c'est au surplus sous cet aspect que la Vierge mère était représentée depuis l'origine du Christianisme par les peintres et les mosaïstes byzantins. Raphaël, Léonard de Vinci et les artistes qui les suivirent, trai- èrent cette figure avec plus de liberté. Us en firent un type de pureté, un type de beauté maternelle, se rapprochant de la femme dans ses diverses conditions, et s'abaissant vers l'huma- nité pour être plus accessible à elle. Us répandirent sur le Christ enfant les grâces et l'enjouement du jeune âge ; ils firent en gé- néral dominer la nature humaine sur la nature divine. C'est avec raison que Victor Orsel, faisant un tableau votif, expression de la piété de tout un peuple, a choisi pour la Vierge le type le plus élevé, le type qui convient à la reine du ciel, à la mère spirituelle de tous les hommes. Si dans sa composition, Victor Orsel ne mérite que des éloges sous le rapport de l'exécution et du sentiment, il faut reconnaî- tre que l'on peut élever des objections sérieuses sur le plan au- quel il s'est arrêté. Auprès des êtres célestes, des anges, des saints dont tous les chrétiens reconnaissent l'existence et la réalité, l'artiste a intro- duit des personnages fictifs, n'appartenant à aucun inonde, ne répondant à aucun de nos souvenirs et qu'aucun effort de notre imagination ne saurait douer de vie. La présence de la fiction , dans ce tableau sacré, y jette une certaine froideur que beaucoup d'esprits ne sauront pas sur- monter. Ces pèlerins de Fourvières, ces habitants de la campague, ces enfants, ces femmes , ces vieillards , ces hommes qui espèrent et qui souffrent, et qui viennent dans l'antique chapelle s'in- cliner devant la divinité réelle, devant la Mère du Dieu vivant,