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128 A. BR1SEUX. S'étendent sur les prés, où, dans la vapeur brune, Gémissent bruyamment aux rayons de la lune. Alors, de sa tanière attiré par leurs voix, Les yeux en feu, le loup comme un trait sort du bois, Tue un jeune poulain, étrangle une génisse; Mais, avant que sur eux l'animal ne bondisse, Souvent tout le troupeau se rassemble, et les bœufs, Les cornes en avant, se placent devant eux ; Le loup rôde à l'entour, ouvrant sa gueule ardente Et hurlant, il se jette à leur gorge pendante; Mais il voit de partout les fronts noirs se baisser Et des cornes toujours prèles à le percer. Enfin, lâchant sa proie, il fuit, lorsqu'une balle L'atteint, et les bergers, en marche triomphale, De hameaux en hameaux promènent son corps mort : Tel le loup qu'on voyait ce jour-là dans Coat-Lorh. 0 landes ! ô forêts, pierres sombres et hautes, Bois qui couvrez nos champs, mers qui battez nos côtes, Villages où les morts errent avec les vents, Bretagne, d'où te vient l'amour de tes enfants ? Des villes d'Italie où j'osai, jeune et svelte, Parmi ces hommes bruns montrer l'œil bleu d'un celte, J'arrivais, plein des feux de leur volcan sacré, Mûri par leur soleil, de leurs arts enivré ; Mais dès que je sentis, ô ma terré natale, L'odeur qui des genêts et des plantes s'exhale ; Lorsque je vis le flux, le reflux de la mer, Et les tristes sapins se balancer dans l'air, Adieu les orangers, les marbres de Carrare, Mon instinct l'emporta, je redevins barbare, Et j'oubliai les noms des antiques héros, Pour chanter les combats des loups et des taureaux. Au-dessus de Ker-Barz. dans la prairie immense, Qui, courant vers l'Izôle, au grand chemin commence, Le loup entra la nuit, et, son coup achevé, Partit, repu de chair et de sang abreuvé ; Un taureau (pour le frère et l'ami qu'il regrette, Quel homme ferait mieux que n'a fait cette bête). A l'instant où le monstre à travers les palus