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                  HISTOIRE DES JOURNAUX DE LYON.                          105
se proposent de donner à l'ancien plan ne fera qu'augmenter l'intérêt qu'on a
depuis si longtemps accordé à ces deux établissements spécialement consacrés
à l'utilité publique. Ils osent espérer que les autorités constituées voudront
bien honorer de leur bienveillance et de leur protection une entreprise qui
est si bien d'accord avec les vues d'un gouvernement sage et réparateur,
puisqu'elle doit fournir des données et des matériaux à la science statistique.
   Les éditeurs réclament aussi les lumières des savants, des manufacturiers,
des artistes de tout genre, et ils recevront toujours avec reconnaissance les
avis qu'on voudra bien leur communiquer.

   L'autorisation s'étant fait attendre, le journal ne put paraître
que le 3 vendémiaire an XI. M. Ballanche fils et M. Dumas,
alors chef de division à la Préfecture, en étaient les principaux
rédacteurs. Ils eurent bientôt attiré autour d'eux tout ce que
Lyon possédait d'hommes instruits, de savants illustres, de poè-
tes et de prosateurs. Beuchot, Delandine, Petit, Martin, Fourrier,
Bérenger, Mollard, Gay, Leullion de Thorigny , Dugas-Monthel,
Petetin, Déplace, Artaud formaient un groupe qui ne manquait
ni de talent ni de gloire. De jeunes littérateurs apportaient au
Bulletin leurs premiers essais ; nous aimons à rappeler que
M. Breghot du Lut fit alors une charade sur Délie; elle est
signée Isidore For lis. Il donna aussi plusieurs imitations de
Martial dont il avait déjà fait son poète favori.
   Beuchot (Adrien-Jean-Quentin) donna au Bulletin de nom-
breux articles de critique littéraire. Il signait indifféremment de
son nom entier ou des initiales A. J. Q. B.
   Outre ses premiers essais de doctrine sociétaire, Fourrier,
dans les commencements surtout, donnait des pièces de vers
qui ne brillaient ni par l'imagination, ni par l'élégance, ni même
par la correction. Une satire contre les femmes, assez violente
mais trop longue pour être citée entière, souleva une vive que-
relle dans les colonnes du journal. Fourrier avait dit, et nous
prenons le meilleur passage :

                    « Lorsqu'un amant en délire
                    Vous chante en vers son martyre
                    Ne pourrait-on pas lui dire :
                    Vous êtes bien fou d'écrire