Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                   EXPOSITION DE 1851-1852.                      75
tableaux se reconnaissent de suite : ses rochers et ses arbres,
 ses fabriques et ses sites se ressemblent par leur faire.
    Allons à ceux qui font, de leur émotion, leur première science.
Ils sont imparfaits, mais souvent séduisent et parfois charment.
    Voici M. Monnier avec les Bouleaux de la forêt de Fontaine-
 bleau. Le sol rougeâtre, les rares et maigres arbres effeuillés
par les vents, la femme qui rend plus visible la solitude et
l'augmente par sa présence, tout cela rappelle bien la poétique
tristesse de l'automne. Mais, de grâce, M. Monnier, n'allez point
jusqu'à l'exagération, et ne nous donnez plus des chênes dans
lesquels M. de Laprade ne verra jamais «es éloquents amis.
    Il y a, dans certaines toiles , des négligences, de l'indécision,
du vague , mais leur refusera-t-on la couleur? Je parle de M.
Brest et de M. Magy. Que signifient tant d'exclamations contre
le Chemin de la Nertfte ? 11 est vrai, cela suffit. Un lambeau de
ciel, des rochers gris, un chemin pierreux, c'est assez pour l'é-
motion. Faut-il donc à la poésie des fleurs et des grandes routes,
des ingénieurs et des jardiniers ?
    Nous ne sommes point exclusif. Nous ne disons pas, il n'y a
de beau que le désert ; et si nous aimons M. Magy, nous aimons
beaucoup aussi M. Maisiat. Une allée d'arbres, des roses, des
mauves rouges se balançant autour de Polymnie, statue chérie
de Balzac et de Jules Sandeau, mais, dans cette allée, nous au-
rions voulu, s'égarant sans se perdre, un couple de Meissonnier.
   , M. Allemand a peut-être étudié la nature qu'il aime tant avec
 trop de scrupules. Au lieu de diviser ce soleil à l'infini, ne pou-
 vait-il pas l'étendre d'une manière plus large et plus uniforme^
Et pourquoi s'inquiéter des gouttes d'eau qui filtrent à travers
 le rocher? La vérité n'a pas besoin de tant de détails. Mais, ce re-
proche excepté, il perce, dans le tableau de M. Allemand, un vif
 sentiment de la nature.
    Que de paysages à examiner, que de noms à citer pour rester
incomplet ! C'est M. Boize, avec son village sur la montagne,
M. Labbé, inquiet de sa manière, lui si lumineux et si brillant
dans le Ravin du bois;M. Loncle qui borne de belles collines
gris-perle les gorges d'Appremont ; M. Brissot de Warville, qui