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• 76 EXPOSITION DE 1851-1852. préfère les champs au tumulte des passions publiques ; M. Car- rand, fidèle à la manière de Camille Corot, l'un des plus grands poètes de ce temps. Pourrais-je ne pas parler de M. Pron, si vrai dans le Chemin de Nioutier ; de M. Lambinet qui balance dans un ciel d'une poudreuse chaleur les hautes cimes des peupliers, ou prête aux amoureux des dimanches les mystères transparents et l'ombre douteuse des saules de la banlieue. Pourrait-on oublier la sé- duisante terreur de la forêt de M. Thierry et le fantastique moulin qu'il asseoit sur les plateaux assombris d'Areueil ou de Fontenay. M. Courdouan nous a donné une lumineuse plage, avec des fonds ravissants de finesse et d'air. Oh ! les belles marines et le pittoresque intérieur de ville que nous devons à M. Garneray ! Gomme il connaît bien la mer et comme il nous la rend mobile et étudiée dans tous ses plans l MM. Landais et Garneray sont d'habiles peintres de marine, et l'on prend le mal de mer rien qu'à voir leurs tableaux. Arrêtons-nous un instant à l'ombre, près de ce ruisseau : cette nature simple est simplement rendue. G'e paysage est fait avec sincérité et la naïveté d'un homme d'esprit aux bonnes heures. La Vallée de Bonan est signée par M. Duclaux. Dans le Gué, M. Duclaux nous montre des vaches et leur ber- gère étudiées avec soin et achevées avec un scrupule trop rare de nos jours. Les tons fins, légers et clairs ajoutent au charme. M. E. Loubon nous a envoyé trois bonnes toiles. Nous avons vu ces immenses troupeaux qui, désertant le midi, vont camper sur les hauts plateaux de l'Isère. Du haut de leurs mules, des pâtres dans un costume, hélas ! trop pittoresque, dirigent les moutons ramenés à l'ordre et défendus par de fiers molosses. Le mérite du peintre a rendu vivant notre souvenir. Sa touche est large, légère et ferme ensemble. Les tons gris- clair de ses paysages étonnent et ne plaisent pas à , cause de leur monotonie. Nous recommandons surtout le paysage des Envi- rons de Cannes. Toujours pittoresque, M. Loubon est quelquefois maniéré.