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          SÛR LE POUVOIR TEMPOREL DE LA PAPAUTÉ.                         .1
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réaction. Car il est certain que, dès ce moment, l'Italie cessa de
payer le tribut accoutumé à Byzance, qu'il y eut une république
romaine dont le pape fut proclamé chef, que tout cela changea
prodigieusement la situation de la papauté, que son adminis-
tration devint plus indépendante.
   Cependant tout lien avec Constantinople ne fut pas alors brisé,
«ar nous voyons longtemps encore la suzeraineté politique des
empereurs grecs indiquée dans les actes publics. Les papes
semblaient user de la domination, moins à titre de propriété que
de dépôt Jl). Ils savaient que la République romaine était trop
faible pour suffire à sa propre défense; ils espéraient que les
chefs de l'Empire, revenus un jour à l'orthodoxie et à la justice,
auraient à cœur de la protéger. Tout comme si ces monarques,
énervés par la mollesse de l'Orient, avaient dû être capables de
protéger qui que ce fût. Tel est le premier événement.
   Un danger ne cessait que pour faire place à un- autre. Ce furent
les Lombards qui devinrent à leur tour les ennemis du Saint-
Siège. Maîtres de l'exarchat de Ravenne et se montrant de plus
en plus aggressifs à mesure que la fortune secondait leur am-
bition, ils portèrent leurs vues jusque sur Rome. Cette malheu-
reuse cité, à peine échappée à une tyrannie, se vit menacée de
passer sous une autre, plus violente, parce qu'elle était plus
barbare. Jamais, peut-être l'autorité pontificale ne se trouva
plus près d'être asservie sans retour. Et toutefois, c'est de cette
proximité de la servitude que nous allons voir sortir son entière
indépendance.
   Rome n'avait point de ressource pour lutter contre la puis-
 sance lombarde ; rien ne s'offrait autour d'elle, et le temps
n'avait pas tardé à montrer que tout espoir du coté de Cons-
tantinople n'était qu'une illusion (2) ? Mais, au milieu de cette dé-
tresse, la papauté ne perdit pas courage. Le coup d'œil éclairé de
 Grégoire III sut démêler le point capital. Il comprit que Rome et

  (1) Pouvoir du Pape au moyen âge, V* partie, article I , par. III, p . 271.
  (2) Gernens prsesertim ab imperiali potentia nulum esse Sùbveniendi
auxilium. ( Ânast, BibUoth. in vila Slephani papœ II).